Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0570

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
L’UNIVERS.

MM

sainte Macrine repose dans un village
peu distant de Méléhubi, qui porte le
nom turc de Kassa keui; c’est aussi la
dénomination d’un quartier ou Mahallé
de Constantinople , celui sans doute où
furent transportés les Grecs de ce pays
du temps de Constantin Copronyme (1).
CHAPITRE XXXIV.
LE LAC TATTA.— TOUZ GHEUL.
Au centre de la Cappadoce il existe
une large dépression de terrain occupée
par un marais que les anciens appelaient
Tattæa Palus; les eaux de ce marais
sont tellement salées que tous les objets
qu’on y plonge sont immédiatement
recouverts d’une croûte de sel. Comme
caractère géologique cette vaste éten-
due d’eau ressemble moins à un lac
qu’à ces lagunes si nombreuses en
Perse et dans l’Afrique septentrionale,
où elles sont connues sous le nom de
Schott ou de Sebka. Ce sont, comme le
Tatta Palus, de grands terrains inon-
dés, qui se dessèchent presque entiè-
rement après l’époque des chaleurs,
et laissent sur leurs bords des concré-
tions blanches qui ne sont autre chose
que du sel.
Ces Sebka se rencontrent fréquem-
ment dans le nord de la Perse et dans
le voisinage de Schiraz. Le Tatta Pa-
lus diffère essentiellement de tous les
autres lacs de l’Asie Mineure; la pro-
fondeur moyenne de ses eaux ne dé-
passe pas un mètre et demi, et après
les chaleurs de l’été sa surface diminue
considérablement. Les Turcs l’appel-
lent Touz gheul, le lac salé. Le sel qu’on
en extrait est du chlorure de sodium
très-pur, qui peut sans aucune autre
préparation être livré au commerce. Il
ne sort aucune rivière de ce marais;
il reçoit au contraire plusieurs petits
cours d’eau , et l’on peut constater une
fois de plus ce fait géologique, que tous
les lacs intérieurs n’ayant aucune com-
munication avec rOc'éan, sont de véri-
tables mers, et sont nécessairement sa-
lés, tandis que les lacs qui donnent nais-
sance à des rivières sont d’eau douce.
(i) Les églises, selon le P. Cyrille, ont été
bâties par Jean Zimiscès en 970.

Les lacs de Van et d’Ouroumia, qui
sont salés et sans communication avec
la mer, sont dans les mêmes conditions.
De Méléhubi à Touz gheul on fait
trente-cinq kilomètres jusqu’à A k serai
en franchissant une plaine aride et dé-
serte. Ak serai occupe la position de
l’ancienne Archelaïs, elle fut florissante
au commencement du seizième siècle,
alors que la population de ces provinces
était plus nombreuse. On y voit encore
les ruines de quelques édifices des sel-
djoukides, une mosquée, un médrécé et
un bain.
La petite rivière de Béias sou, l’eau
blanche, passe au sud-ouest de la ville,
et va se jeter dans le lac après un par-
cours de trente kilomètres, en traversant
une plaine aussi nue et aussi unie que
celle de Méléhubi sujette en hiver à des
inondations dangereuses pour les cara-
vanes.
Kochhissar, l’heureux château, est un
village situé à quatre kilomètres de la
rive occidentale du marais et distant de
soixante kilomètres d’Ak seraï. Tout ce
pays est complètement privé d’eau po-
table ; les tribus turcomanes pourvoient
à leurs besoins au moyen de puits très-
profonds, et la charité musulmane a
dressé de distance en distance de pe-
tites huttes de broussailles dans les-
quelles sont déposées des jarres pleines
d’eau, cette prévoyance des musulmans
leur est comptée dans leur religion
comme l’accomplissement d’un voyage
à la Mecque.
Les rivages du lac, que l’on côtoie
pendant une heure, sont bas et maréca-
geux. Koch hissar au contraire est cons-
truit sur une éminence et commande
toute la plaine et le lac. M. Hamilton
pour atteindre le rivage fit encore dix
kilomètres jusqu’à la chaussée qui tra-
verse le lac de part en part dans la di-
rection de l’est à l’ouest; c’était sans
doute un tronçon de la grande route
qui allait de Dorylée à Iconium, et qui
est marquée dans l’itinéraire d’Antonin.
Les habitants en attribuent la création
au sultan Sélim Ier; elle n’est soumise a
aucun entretien et dans les hautes eaux
elle est entièrement submergée et tout
à fait impraticable. Le fond du lac n’est
pas à plus d’un demi-mètre en con-
tre-bas.
 
Annotationen