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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0580

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L’UNIVERS.

non obéissance, il est obligé d’envoyer
des délégués,qui arrivent rarement, et
pour cause, ou qui finissent par entrer
dans les intérêts du pacha. Les guerres
des émirs n’avaient pas d’autre motif
qu’un refus d’impôt; aussi voyons-nous
dans l’histoire ottomane un grand
nombre de pachas révoltés pendant plu-
sieurs années, faire leur soumission à
la Porte, et vivre ensuite tranquillement,
soit dans leur gouvernement, soit pai-
sibles ridjals à Constantinople. La ré-
volte de Daoud, pacha de Bagdad, en
1825, et celle de Mohammed, pacha
de Mossoul, en 1840, se sont termi-
nées de la manière la plus pacifique. Le
premier s’était cependant arrogé un des
droits dont les sultans sont le plus ja-
loux : celui de faire battre monnaie.
Chez les princes seldjoukides, chez les
sultans mamelouks et turcs, c’est le
signe imprescriptible de leur souverai-
neté. Il fut exercé par quelques princes
de la Caramanie, qui s’en prévalurent
comme d’un droit héréditaire.
La défaite du sultan Bayazid, vaincu
par Timour, avait, pour ainsi dire,
rendu la liberté à tous ces petits princes
issus du démembrement de l’empire
seldjoukide. Nigdé, éloignée de toutes
les grandes villes, resta comme la ca-
pitale de ce district, et les monuments
musulmans qu’elle renferme indiquent
que les sciences y furent cultivées; car
les médrécés , à cette époque florissante
de l’islamisme, n’étaient pas de pauvres
établissements, dont les écoliers, dotés
de 20 paras par jour (12 centimes et
demi), vont épeler le Coran, pour le
redire ensuite sur les tombes des grands,
seule fonction dont la plupart des soltas
soient aujourd’hui capables. Les plus
savants d’entre les docteurs étaient ap-
pelés des extrémités de l’Islam ; Bokara,
Kachan, Bagdad, envoyaient dans les
provinces occidentales des oulémas qui
venaient expliquer la loi, et dont la pa-
role ardente savait prédire la victoire.
Aujourd’hui, dans tout l’empire otto-
man , on ne cite pas un seul homme
auquel la science donne la moindre au-
torité. Le corps des oulémas, sapé par-
le sultan Mahmoud, ne se maintient
plus que par cette force d’inertie qui
soutient toute ruine. C’est sa destruction
complète qui peut seule ouvrir une voie

nouvelle à l’Orient, par le commerce
plus intime avec les nations européen-
nes ; relations qui ne peuvent s’établir
que le jour où l’Europeen pourra de-
venir en Turquie propriétaire foncier.
Ce sont les oulémas qui seront toujours
le plus grand obstacle a cette innova-
tion, jaloux qu’ils sont d’acquérir par'
le moyen des wakoufs la totalité de la
terre cultivable.
Aujourd’hui Nigdé est sous la dépen-
dance d’un simple mutzellim , soumis
au pacha de Césarée. La distance entre
ces deux villes est de cinquante-quatre
heures de caravane ou 324 kilomètres.
De tous les monuments que renferme
le village de Kaïa baehi, celui qui at-
tire le plus l’attention a reçu, selon
l’opinion des habitants, les" cendres
d’une fille du sultan Achmet I®r, qui
mourut en cette ville vers l’an 1G10,
pendant le pèlerinage de la Mecque
qu’elle accomplissait, se rendant à Se-
lefké , dans le but de s’embarquer pour
la Syrie. Cette princesse était très-su-
perstitieuse ; il existe à la Bibliothèque
impériale, au supplément arabe de
Saint-Germain des Prés, un manus-
crit contenant des instructions de magie
et de chiromancie, avec des figures co-
loriées, qui faisait partie de sa biblio-
thèque.
CHAPITRE XLII.
TYANE.
Malgré son titre de capitale d’un dis-
trict considérable, Tyane ne fut dans
l’antiquité qu’une place forte de second
ordre, que relevait à peine le culte de
Jupiter Asmabéen; aussi est-elle briè-
vement mentionnée par Strabon, qui
rappelle en même temps un des ou-
vrages attribués à Sémiramis, la chaus-
sée qui traversait la Cappadoce, et dont
les restes apparaissent sans doute dans
les marais de Kara sou. Depuis que la
position de Tyane est bien déterminée,
il est une foule de questions de géogra-
phie ancienne qui se trouvent résolues;
il est hors de doute aujourd’hui que la
ville de Dana , citée par Xénophon, est
identique avec Tyane, qui se trouve, en
effet, située à quatre jours de marche
d’Iconium, et voisine des défilés du
 
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