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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0584

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574

L’UNIVERS.

qui prescrivaient aux nomades de bâtir
des villages; comme s’il suffisait d’une
parole d’un sultan. A l’ignorance ex-
trême de toute idée d’économie politi-
que, les conseillers de la Porte joignent
celle, bien plus inexplicable, du carac-
tère des peuples qu’ils sont appelés à
gouverner. On a lieu de s’étonner que
des gens issus des nomades de la suite
de Togrul-Beg, qui ont mis quatre cents
ans à s’habituer à demeurer dans des
maisons, puissent s’imaginer que des
tribus errantes , n’ayant pour toute for-
tune que des troupeaux, vont, sans se-
cours aucun, renoncer à une vie qu’ils
aiment, à une existence forcée , puis-
qu’il n'y a que la vie vagabonde qui leur
permette de nourrir leur bétail.
C’est dans cette zone que l’on com-
mence à observer une certaine modifi-
cation dans les races musulmanes. Plus
on avance vers le sud, plus le sang
arabe se trouve influer sur le caractère
des races. Les chrétiens qui habitent
les pentes du Taurus, quoique divisés
en deux communions, l’arménienne et
la grecque, sont tous de race armé-
nienne. Le type des Grecs de l’Ionie et
des provinces occidentales s’efface long-
temps avant qu’on arrive dans ces dis-
tricts. Il faut lire ces caractères sur les
traits des habitants; car on ne saurait
s’attendre à rencontrer chez aucun d’eux
la moindre connaissance d’une généalo-
gie.Le passé est,en effet, si triste pources
pauvres gens, qu’ils trouvent une grande
consolation à l’oublier, et à se forger pour
l’avenir desespérancesquel’état actuel de
l’Europe éloigne pour bien longtemps.
Méhémet Ali occupait alors (septembre
1834) toute laCilicie et les versants mé-
ridionaux du Taurus. Les nomades de
ces contrées avaient été incorporés dans
l’armée régulière, et l’on commençait à
fortifier d’une manière redoutable le
passage du Taurus qui conduit de la Ci-
licie en Cappadoce.
C’est à ce lieu qu’aboutirent toutes
les marches des croisés dans l’Asie Mi-
neure. Avant eux, toutes les armées
qui avaient combattu en Orient, l’ex-
pédition du jeune Cyrus, comme celle
d’Alexandre, avaient franchi ces défilés,
que les anciens ont appelés les Portes
de la Cilicie. Toute armée maîtresse de
ee passage domine en même temps les

deux pays; aussi, toute la politique du
vice-roi d’Égypte tendait-elle à s’en em-
parer, etdéjàdes reconnaissances étaient
faites par des ingénieurs européens,
pour y établir des fortifications sur les
ruines de celles que les anciens avaient
élevées dans ces parages.
Nous nous arrêtons sur les crêtes éle-
vées du Taurus. Tout le pays situé au
delà fait partie de la Cilicie.
La route de Tvane àKaraman, capi-
tale actuelle de la province, est tracée
au milieu de contrées incultes et arides.
Toute l’industrie des habitants, qui y
sont temporairement établis, consiste
dans la récolte du nitrate de potasse,
qui abonde dans les terrains.
CHAPITRE XLIV.
ÉRÉGLI.
La ville d’Érégli est sur la lisière du
pays cultivable; les nombreux ruisseaux
qui l’arrosent changent tout à coup la
face du paysage. S’il faut chercher à
identifier cette petite place avec une
station antique, il suffit de rappeler que
les géographes sont assez d’accord pour
la regarder comme occupant l’emplace-
ment de Herculis Vicus, mentionné par
Cedrenus ; mais, aujourd’hui, il ne reste
aucun vestige d’antiquité, et les monu-
ments de l’école arabe sont dans un état
complet de délabrement. Les jardins qui
entourent la ville ne s’étendent pas à
plus d’un mille de ses murailles. Tant
que l’irrigation peut alimenter la végéta-
tion, le sol paraît d’une fertilité extrême,
et les habitants croient que la nature sa-
line du terrain, loin de nuire à la pro-
duction, lui est au contraire favorable.
Toutes les eaux qui entourent la ville
se réunissent dans un petit lac, qui n’a
pendant l’été qu’une médiocre étendue
(on l’appelle Ak gheul); mais au prin-
temps, quand la fonte des neiges vient
apporter un nouveau tribut aux terres
déjà saturées par les pluies d'automne,
alors les eaux s’étendent indéfiniment
sur ce désert uni, et engendrent des
inondations qui n’ont pour limites que
les collines de l’Elma dagh, au nord de
Konieh. Des voyageurs européens at-
testent que, certaines années, cette
contrée présente l’aspect d’une mer, et
 
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