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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0587

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LIVRE VIH.

ARMÉNIE. — PONT. — PAPHLAGONIE.

CHAPITRE PREMIER.
ARMÉNIE.
Le cours de l’Euphrate, qui forme la
limite naturelle de l’Asie Mineure du
côté de l’orient, séparait l’Arménie en
deux régions inégales; celle de l’est, la
grande Arménie, s’étendait jusqu’à l’A-
raxe; la petite Arménie comprenait le
pays situé entre la rive occidentale du
fleuve jusqu’à la Cappadoce (1) et au
royaume de Pont (2); au sud elle s’é-
tendait jusqu’au mont Taurus : elle ap-
partenait donc à la presqu'île de l’Asie
Mineure.
L’origine du nom d’Arménie re-
monte, selon les traditions grecques,
jusqu’au temps de l’expédition des Ar-
gonautes. Au nombre des compagnons
de Jason se trouvait un Thessalien
nommé Arménus, de la ville d’Armé-
nium. Il s’établit avec d’autres colons
dans les provinces de TAcilicène et de
l’Adiabène. et donna son nom au pays
d’Arménie. Les Arméniens, dans leurs
chroniques, n’admettent nullement ces
traditions d’origine purement grecque;
ils regardent leur nation comme ayant
occupé ce pays de toute antiquité. Les
mœurs des Arméniens différaient peu
de celles des Mèdes leurs voisins (3) : ces
derniers passaient même pour avoir
transmis leurs usages aux Arméniens ;
les vêtements étaient semblables chez
les deux peuples, ils portaient de grandes
robes traînantes et se coiffaient d’une
tiare soit droite, soit en forme de
casque.
La religion était la même; l’une et
l’autre nation avait reçu des Perses le
culte de la déesse Anaïtis, qui avait dans
plusieurs provinces, et notamment dans
(1) Strabon, XII, 527.
(2) I<1. ibid., 532.
(3) Strabon, XII, 5a5.
37e Livraison (Asie Mineure.) t.

l’Acilicène, des temples renommés,
dans lesquels les jeunes filles des pre-
mières familles, vouées au service de la
déesse, faisaient trafic de leurs charmes
avec les étrangers, sans que ce com-
merce portât atteinte à leur réputation.
Ces mœurs étranges, qui étaient pour
les Grecs un sujet constant de surprise,
prouvent mieux que tous les autres
faits combien était grande la différence
des races entre les peuples habitant les
deux rives de l’Halvs. Ici il ne reste pas
un vestige des arts des Grecs ; nous sa-
vons bien, par les historiens, que les
successeurs d’Alexandre et plus tard
les Romains, maîtres du pays, ont fait
leur possible pour assimiler ces. na-
tions à celles qu’ils gouvernaient déjà;
mais ce fut sans succès, et ces pays sont
toujours restés barbares.
Les Arméniens furent pendant long-
temps sujets des Mèdes; ces derniers,
après avoir renversé l’empire d’Assyrie,
au huitième siècle avant notre ère, do-
minèrent sur toute l'Asie jusqu’au règne
d’Astyage (1). Il n’est, donc pas surpre-
nant de voir dans les régions situées à
l’ouest de l’Euphrate et à l’orient de
l’Halys, des monuments de l’art des Mè-
des, des palais, des temples et des for-
teresses qui datent du temps de leur
domination.
L’Arménie confinait à l’orient à la
Médie Atropatène, et à l’occident à la
Cappadoce , c’était de toute l’Asie Mi-
neure le pays le plus fécond en che-
vaux. La race des A'isæi se distinguait
par sa taille et sa force; les Grecs les
comparaient aux chevaux parthes, c’est-
à-dire à la race actuelle de Khoraçan,
qui est la plus grande de la Perse. Les
rois de Perse recevaient de l’Arménie
un tribut annuel de vingt mille pou-
lains nisæi, et quand Marc-Antoine
entreprit la campagne de Médie, Arta-
vasde, outre les autres corps de cavalerie
(1) Strabon, XI, 5a4.

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