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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0594

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584

L’UNIVERS

le Pyratnus, qui n’est encore qu’un ruis-
seau, tombe en cascades du haut des
rochers. Les montagnes sont couronnées
de forêts de cèdres et de pins; elles of-
frent aux nomades les plus riantes re-
traites pendant les chaleurs de l’été. Le
camp ou yaëla de Samour bey est situé
sur un des plateaux élevés du Taurus,
immédiatement au-dessus des sources
du fleuve; il se compose d’un village
rustique avec des cabanes faites de troncs
d’arbres. La demeure du bey ne se dis-
tingue pas des autres, mais il y a dans
les pâturages de nombreux troupeaux
de bestiaux et de chevaux, c’est la ri-
chesse de ces montagnards. Samour
bey (1) était un homme obèse et de ma-
nières très-douces; rien ne trahissait
dans son extérieur un caractère astu-
cieux. Il nous fournit tout ce qu’il fal-
lait pour ravitailler notre caravane, re-
nouvela notre escorte ou plutôt nos gui-
des, et nous partîmes pour Hadjinn.
Le yaëla de Samour bey est situé sur
la ligne de partage des fleuves Sihoun,
le Sarus et Djihoun le Pyramus ; la route
de Hadjinn, si l’on peut donner ce nom
à des sentiers à peine tracés, continue
de monter le col qui sépare les deux
bassins; les montagnes sont mieux boi-
sées, et peuplées de tribus turcomanes.
En descendant sur le revers nord on ar-
rive dans une vallée où coule une rivière
rapide; c’est le Sarus, qui va se jeter à
la mer au-dessous d’Adana.
On passe cette rivière sur un pont
formé de troncs d’arbres; les chevaux
traversent à gué ; cette vallée court est et
ouest, la rivière suit cette dernière direc-
tion. De beaux platanes forment en ce lieu
un épais rideau de feuillage ; la pente
de la montagne est couverte de pins.
La ville de Hadjinn est bâtie sur la
pente de la montagne, à la naissance de
la vallée. Les voyageurs trouvent l’hos-
pitalité dans un antique monastère dé-
pendant de celui de Sis et construit sur
le versant de la vallée opposé à la ville.
Ce monastère est défendu comme une
forteresse, cependant les moines armé-
niens attestent qu’ils ne furent jamais
l’objet d’aucune violence de la part des
musulmans. Le supérieur du monastère
porte Je titre d’évêque ; les bâtiments
(i) Samour, zibeline.

sont en bon état, mais n’ont rien de ca-
ractéristique.
La ville de Hadjinn elle-même est
complètement privée d’édifices publics;
toutes les maisons sont de la plus grande
simplicité et couvertes en terrasse. Les
pentes des montagnes voisines sont cou-
vertes de vignobles et d’arbres à fruit.
Les habitants sont presque tous Armé-
niens; ils se livrent à l’industrie, sont
bons forgerons et vont travailler dans
les grandes villes. Ici la race armé-
nienne se présente sous un jour tout
autre qu’à Constantinople. Elle a dé-
pouillé son caractère craintif et sait fort
bien montrer le yataghan au Kurde qui
voudrait imposer sa loi ; l’aspect des
Arméniens de ces montagnes ne diffère
nullement de celui des Turcomans, ils
s’en distinguent seulement par leur an-
tipathie pour la vie de la tente. Le pla-
teau qui domine Hadjinn donne nais-
sance à une autre rivière appelée Ma-
ghara sou, la rivière des grottes, qui se
joint au Demirdji sou, rivière des forge-
rons; ce sont autant d’affluents du Sarus.
Cette dernière vallée conduit au campe-
ment des Turcomans de Dalar ; e’est en
cet endroit que l’agha nous signala, à
trente kilomètres au nord-ouest de son
camp, de vastes ruines qu’il désigne sous
le nom de Chd’t kalé si, sur le bord du
Maghara sou. On y trouve les ruines de
plusieurs châteaux , d’églises et de pa-
lais, tout porte à croire que ce sont les
ruines de Comana de Cappadoce; mais
les circonstances ne nous permirent
pas de les visiter. Le site de Comana
reste encore ignoré (1).
Cette ville ayant été abandonnée de
bonne heure doit conserver de nom-
breux vestiges des monuments qui la
décoraient (2). Mais jusqu’ici aucun
voyageur érudit et surtout en état de
lever les plans d’un édifice antique n’a
parcouru ces régions.
Le village de Dalar est composé de
huttes à moitié enfoncées dans la terre
et qui ne prennent de jour que par la
porte; les habitants ne s’y retirent que
pendant les neiges de l'hiver.
Tous ces pays sont presque dans l’c-
tat de nature, il n’y a aucune route tra¬
it) Karl. Ritter Erdkunde, t. IX, i52.
(2) Strabon, XI, 5a r ; XII, 535.
 
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