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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0601

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ASIE MINEURE.

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pour l’usage des bains; ces serviettes
ou pechkir servent aussi de voiles aux
femmes.
Celte petite ville est un agréable lieu
de halte pour ceux qui parcourent ces
régions d’un accès difficile.
D’Eguine la route suit la vallée de
l’Euphrate jusqu’à Pinia, grand village
à cheval sur l’Euphrate, un pont de
bois d’une construction ingénieuse relie
les deux quartiers.
Avant d’arriver à Pinia, on franchit
le Tchalta tchaï, qui vient de Dev-
righi.
Devrighi est située à l’entrée d’une
vallée large de cinq kilomètres et do-
minée par un haut rocher : les Armé-
niens l’appelaient Divrig ; c’est en ce lieu
que Pompée vainquit Mithridate, et en
souvenir de cette victoire il bâtit la ville
de Nicopolis. Ces montagnes dépen-
dent du mont Paryadrès, dans lequel
Mithridate avait fait construire soixante-
quinze châteaux, où il déposa ses tré-
sors (1). Strabon décrit cette montagne
comme étant coupée par des précipices
et des ravins et couverte de forêts. Ce
tableau convient parfaitement au bassin
supérieur de l’Euphrate; Divrig des Ar-
méniens, qui devint Nicopolis sous les
empereurs , a conservé le nom de Thé-
phrice chez les Byzantins. Justinien
ht réparer les murailles et les fortifi-
cations de cette ville en même temps
que celles de Sébaste.
D’Éguine, deux routes conduisent à
Trébizonde; la première, à l’est, con-
tinue de suivre le cours de l’Euphrate
ou Kara sou jusqu’à Erzinghan, où
elle va rejoindre la route de l’ouest. On
ne trouve dans cette dernière ville
aucun vestige d’antiquité ; elle passe
cependant pour occuper l’emplace-
ment de Comana de Pont, qui fut bâ-
tie par Oreste après qu’il eut quitté la
Tauride en compagnie de sa sœur Iphi-
génie.
Procope raconte qu’Oreste, fuyant de
la Tauride, emportant l’image de Diane,
arriva dans ces lieux, où il construisit,
d’après les ordres de l’oracle, un temple
à la déesse, et lui consacra sa propre
chevelure. En mémoire de cette action,
8a ville qui s’éleva autour du temple fut
(i) Strabon, XII, 555.

appelée Comana; mais comme l’oracle
n’etait pas satisfait, Oreste continua de
parcourir le pays et arriva dans la Cap-
padoce, où il trouva une montagne sem-
blable à celle de la Taurique. Procope
ajoute : « Je l’ai plusieurs fois considérée
avec étonnement et je m’imaginais être
dans la Tauride. U y a une montagne
toute semblable au montTaurus, et un
fleuve nommé Sarus tout semblable à
l’Euphrate. » C’est la Comana de Cap-
padoce, dont nous supposons les ruines
à Chert kalé si, sur le Sarus.
Oreste bâtit dans la Comana de Pont,
une très-belle ville, et y construisit deux
temples, l’un en l’honneur de Diane,
l’autre en mémoire de sa sœur Iphigénie ;
ils furent convertis en églises par Jus-
tinien, qui ne changea rien au plan ni à
la disposition des édifices. <
Procope décrit le cours de l’Euphrate
dans ces régions; le fleuve passe par
des défilés très-serrés, et dans certains
lieux les bancs de roseaux s’accumulent
et forment sur les eaux une espèce de
pont sur lequel les cavaliers et les pié-
tons peuvent passer; ce pays porte le
nom d’Acilicène. >.
L’Euphrate arrose cette partie de l’Ar-
ménie, reçoit tous les affluents dont
nous avons cité les principaux, et qui
sont tous situés sur la rive droite. Il
passe dans la Leucosyrie, appelée main-
tenant Arménie Mineure, dont la capi-
tale est Mélitène. Il va à Samosate, à
Hiérapolis et jusqu'en Syrie, où il se
joint au Tigre (1).
La seconde route dont nous avons
parlé est celle de l’ouest; elle passe par
Kourou tchaï, la rivière sèche; cette
vallée est remarquable parles formations
gypseuses qui concordent avec tous les
terrains salifères que nous avons men-
tionnés, et s’arrête à Guinuch hané, la
maison d’argent, petite ville où sont des
mines de plomb argentifère mises en ré-
gie par le gouvernementturc et qui don-
nent de médiocres produits. De Kourou
tchaï on fait septheuresde route jusqu’à
Gherdjanis, par un pays presque désert;
de cette ville à Chaïram le pays est
moins accidenté, les villages plus nom-
breux.
(i) Procope, Guerre des Perses, livre I,
ch. 17.
 
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