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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0614

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L‘UNIVERS.

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autres places fortes étaient abandonnées
et leur nom oublié. Sous les Comnènes de
Trébizonde, Amasie devint une des prin-
cipales villes de ce royaume , et comme
telle fut en butte aux premières attaques
des émirs musulmans ; elle fut arrachée
aux Grecs par les princes de la dynas-
tie de Danischmend qui la donnèrent
ensuite aux Seldjoukides. Le sultan
Ala Eddyn Keï Kobad, qui la possédait
au commencement du treizième siècle,
y fit construire des mosquées et des
écoles qui sont encore l’ornement de la
ville. A la chute du pouvoir des Seld-
joukides, Amasie tomba sous celui des
Osmanlis; sous le règne du sultan
Bayazid, cette ville fut assiégée par Ti-
mour, alors vainqueur du sultan des
Turcs , la citadelle résista pendant sept
mois, mais le pays d’alentour fut ravagé,
les habitants des campagnes massacrés.
Ce n’est pas la dernière attaque sérieuse
que cette ville ait eu à repousser; en
1472, l’armée de TJzun Hassan, schah
de Perse, s’était emparée de Tocat, et s’a -
vançait sur Amasie, lorsque Mustapha,
fils de Mahomet II, qui commandait la
place, marcha contre l’armée persane,
et la mit en déroute dans les plaines de
la Cappadoce. Sélim Ier, sultan des
Turcs, naquit à Amasie, et fonda des
écoles d’où sortirent plusieurs savants.
Aujourd’hui, comme place de transit
entre la Perse et les ports de la Mer
Noire, cette ville jouit encore d’une cer-
taine prospérité, son climat est un des
plus sains et des plus agréables de la
contrée.
De toutes les descriptions du site
d’Amasie, c’est toujours celle de Stra-
bon qui est la plus complète et la plus
intelligible. On peut entrer dans quel-
ques détails sur les ruines qui existent
encore, mais elles sont muettes pour
l’archéologue ; le caractère simple et
sévère de ces monuments ne porte
avec lui le cachet d’aucune époque
déterminée; il n’y a pas un seul orne-
ment, pas une moulure qui permette
d’établir une base de comparaison. On
répète avec Strabon « ce sont les tom-
beaux des rois », mais de quels princes?
est-ce la dynastie des rois de Pont, qui a
duré depuis l’an 306 jusqu’en l’an 64
avantnotre ère? Dans les monuments qui
subsistent, on ne saurait dire quel est le

plus ancien, encore moins à quel per-
sonnage il a été consacré : un seul porte
une inscription ; c’est le tombeau d’un
grand prêtre, peut-être d’un de ces pon-
tifes qui exerçaient un pouvoir égal à
celui des rois.
Dans l’impossibilité où l’on est d’éta-
blir un ordre chronologique dans les
monuments d’Amasie, nous nous bor-
nerons à leur description matérielle, en
maintenant cet aveu de l’impuissance
où l’on est aujourd’hui de dire si ces
monuments sont antérieurs ou posté-
rieurs au siècle d’Alexandre.
Amasie est située dans une vallée
longue et profonde, traversée par l’iris.
Une montagne à double sommet, qui
domine le cours du fleuve, est couronnée
par une Acropole à laquelle viennent se
rattacher les murailles d’enceinte ; elles
descendent dans la vallée, suivent le
contour de l’iris, et remontent la pente
de la montagne pour aller se rattacher
au second sommet; de distance en dis-
tance elles sont défendues par des tours.
L’enceinte de la ville comprend les pa-
lais et les tombeaux des rois. Les deux
sommets ont de chaque côté une gorge
fort étroite, et, dit Strabon, haute de
six ou sept stades, soit onze à treize
cents mètres, par laquelle on monte
en venant des bords du fleuve et des
faubourgs de la ville. De cette gorge aux
sommets reste encore un stade, cent
quatre-vingt-cinq mètres à monter, par
un chemin si roide qu’il est impossible
à aucune force de le franchir.
L’eau est portée dans la ville par deux
conduits taillés dans le roc : le premier
le long du fleuve , le second dans le dé-
filé.Le fleuve est traversé par deux ponts,
l’un conduit de la ville au faubourg;
l'autre du faubourg dans la campagne.
C’est à ce pont que finit la montagne
située au-dessus de la Roche (1).
LA VILLE MODERNE.
La plaine de Turkal est séparée par
une haute chaîne de montagnes ro-
cheuses qui déterminait la frontière
entre le Pont galatique et le. Pont cap-
padocien. La route traverse un défilé
dont l’entrée n’a pas vingt mètres de lar-
(r) Strabon, XII, 56i.
 
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