Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0621

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ASIE MINEURE.

611

CHAPITRE XXL
YASILI KAÏA.
L’intérêt qui s’attachait pour moi à
l’existence de ces ruines devint encore
plus grand quand j’appris qu’a environ
deux "milles de la ville il existait une
enceinte taillée dans le roc, et autour
de laquelle sont sculptés des bas-reliefs
représentant un sujet qui se rapporte
à des événements complètement oubliés
aujourd’hui, mais qui doit avoir été
d’une grande importance dans l’histoire
de ces peuples.
Le chemin qui conduit à cette en-
ceinte est frayé au milieu de terrains
incultes; on n’observe aux environs au-
cune trace de construction ; il ne parait
pas qu'anciennement ce lieu ait jamais
été habité. Aujourd’hui il est également
désert, et les paysans craindraient de
s’y trouver à la tombée de la nuit. Rien
aux alentours ne peut indiquer l’exis-
tence d’un monument de cette impor-
tance (1). Le monument deYasili kaïa
( la pierre écrite), c’est ainsi que le dé-
signent les habitants, est d’une conser-
vation parfaite; jamais il n’a eu d’ac-
cessoires autres que ce qui existe main-
tenant. Une enceinte disposée par la
nature a été agrandie et régularisée par
la main des hommes. Elle forme une
salle presque rectangulaire, et sur les
rochers taillés à pic se trouvent sculptés
les bas-reliefs disposés en différents
tableaux qui l’entourent à hauteur
d’homme.
A gauche, en entrant, le premier ta-
bleau représente onze figures, toutes
dans la même pose et dans le même
costume. Chacun des personnages est
coiffé du casque conique, vêtu d’une
tunique légère, et porte des chaussures
assyriennes dont l’extrémité est très-
relevée (2). Un.peu en avant de ce groupe,
marchent deux personnages semblables
et exactement dans la même pose , le
bras gauche tendu en avant, et le bras
droit légèrement fléchi dans le mouve-
ment d’un tireur d’arc ; cependant on
doit remarquer qu’ils sont sans armes;
ils semblent exécuter une marche ra-
(i) Voy. Hamilton, Researches, t. I, 400.
(a)Cf. Hérod., lib. I, ioi.

pide et régulière. Le bas-relief est
taillé dans un rocher calcaire cristallin
et d’une dureté extrême ; il est placé, à
environ un mètre au-dessus du sol, et
était couvert d’une vaste croûte de li-
chen, qui prouvait que depuis longtemps
il était oublié des humains. La dégra-
dation qu’il a subie est due plutôt à l’ef-
fet du temps qu’à des atteintes volon-
taires de la part des habitants.
Le second bas-relief représente trois
figures barbues portant la même coiffure
queles précédentes, et vêtues, indépen-
damment de la tunique, d’un manteau
qui les envoloppe presque en entier :
c’est le sisyrnos des Mèdes. Le person-
nage qui marche devant, a exactement
le même costume que les figures du
premier tableau; quant à la pose, elle
est la même dans tous les groupes.
Les deux tableaux qui suivent repré-
sentent une procession composée d’hom-
mes armés et portant des emblèmes ou
des présents ; les deux premières figures
sont barbues, sont coiffées du casque
assyrien (1), légèrement recourbé sur
le devant, et vêtues d’une robe rayée
obliquement et reliée par une ceinture.
Le second tableau, sculpté sur un autre
plan du rocher, continue le sujet que je
suis disposé à appeler la pompe des
Dorophores. La plupart des acteurs de
cette scène sont armés, et portent en
outre des objets dans lesquels on re-
connaît cette croix ansée du tableau pré-
cédent. Un seul des personnages est arme
de la massue ; un autre porte une faux,
trois autres ce sabre recourbé sur son
tranchant, qui fui d’abord en usage
chez les Orientaux et que l’on nomme
chim-cfiyr (2), dont nous avons fait le
mot cimeterre. Le milieu du bas-relief
représente un sujet assez difficile à in-
terpréter; mais d’après la disposition
des figures, on est porté à le regarder
comme allégorique, car il se compose
de deux figures monstrueuses . vues de
face et montées sur un socle; elles sup-
portent au-dessus de leur tête une es-
pèce de barque. Toutes les figures de
ces bas-reliefs marchent dans le même
sens ; c’est-à-dire se dirigent vers le
fond de la salle.
(1) Hérodot., lib. VII, 63.
(2) Griffe de lion.

39.
 
Annotationen