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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0624

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614

L’UNIVERS.

qui rappelle peut-être que cette divinité
préside à la fécondation de la nature.
Le terrain, qui s’est beaucoup exhaussé
dans cette partie, cache certainement
d’autres bas-reliefs, car j’ai remarqué
plusieurs têtes de petite dimension qui
sont gravées au niveau du sol, et sont
très-endommagées par le temps ; il est
probable que ce qui est dans la terre est
mieux conservé. On voit aussi des exca-
vations taillées avec soin dans le rocher,
et qui ne peuvent avoir servi de tom-
beaux. parce qu’elles sont d’une dimen-
sion beaucoup trop petite; d’ailleurs,
l’ensemble de ces bas-reliefs est bien
plutôt religieux que sépulcral.
Un'examen attentif de ce monument
démontre qu’il n’est pas l’œuvre d’un
des peuples qui ont habité l’Asie occi-
dentale. La ressemblance de cette figure
montée sur un lion, avec des sculptu-
res babyloniennes , porte à conjecturer
qu’elle représente une des principales
divinités révérées chez les peuples mèdes
ou assyriens.
Le culte d’Anaïtis, répandu et cé-
lèbre dans toute cette partie de la Cap-
padoce, était toujours entouré d’une
pompe toute royale. Il n’y avait pas de
temples plus imposants que ceux de
cette déesse, dont les autels étaient des-
servis par une multitude d’esclaves. Ce
qu’on sait du temple de Comana peut
s’appliquer à ceux de Concobar et d’Hy-
pœpa. Les faits les plus importants de
l’histoire médo-perse se rattachent à la
vénération que tous les peuples avaient
pour la plus célèbre de leurs divinités.
Originaire de l’Asie orientale, le culte
d’Anaïtis a été transporté de la Baby-
lonie dans ces contrées, et s’est répandu
a une époque plus reculée chez les
Mèdes et les Arméniens (1). La grande
scène du fond n’est-elle pas relative au
culte de la déesse, qui, arrivant de l’O-
rient montée sur un lion, est accueillie
par les Cappadociens, qui lui apportent
des offrandes?
On doit surtout tenir compte d’un fait
incontestable, c’est que les figures
d’hommes représentées dans ces bas-
reliefs portent toutes le costume des Sa-
ces. En effet, comparons avec la des-
cription d’Hérodote, dans son dénom-
(i) Strabon, XI, 53a.

brement de l’armée de Xerxès (1),
«....les Saces, peuples de la Scythie :
ils portent sur leur tête un bonnet
qu’ils nomment cyrbazie, terminé en
pointe très-aigue, et qui se tient droite.
Leurs jambes étaient revêtues de chaus-
ses. Indépendamment de l’arc à la ma-
nière de leur pays et de poignards, iis
étaient encore armés d’une espèce de
hache appelée sagare. » Rien ne manque
à la ressemblance, ni la hache à deux
tranchants, ni la coiffure haute et co-
nique. Les Assyriens portaient au con-
traire. des casques légèrement courbés,
et des massues de bois garnies de clous
en fer. Cette arme se retrouve entre les
mains de plusieurs de ces figures.
Or, on sait que les Scythes n’ont ja-
mais cultivé les arts. Toute la Médic,
qui fut soumise à leur puissance, fut,
au contraire, bouleversée par leurs ex-
cès (2) ; ce n’est donc point aux Saces
qu’il faut attribuer ce monument; mais
il est certain qu’il a un rapport direct
avec l’histoire de ces peuples. Hérodote
et Strabon nous fournissent quelque
lumière à ce sujet. Après avoir men-
tionné les ravages des Saces (3), Héro-
dote ajoute : « Mais Cyaxare et les
Mèdes finirent par en égorger le plus
grand nombre, qu’ils surent attirer
dans un repas où ils les enivrèrent. C’est
par ce moyen que les Mèdes parvinrent
a ressaisir la puissance et à dominer en
Asie (4). »
Le passage de Strabon est plus ex-
plicite ; il est clair que l’un et l’autre
historien font allusion au même fait,
les Mèdes écrasant les Saces à la suite
d’une orgie. La seconde version de Stra-
bon n’infirme pas la première; elle
prouve seulement que les fêtes des Sa-
cées étaient célébrées dans toute l’éten-
due de l’empire des Mèdes.
« Les Saces, dit cet historien, se
sont emparés d’une partie de l’Armé-
nie , qui a porté d’après eux le nom de
Sacacène ; ils ont pénétré jusque dans
(i) Lib. VII, 64.
(a) Hérod., lib. VII, 106.
(3) Les Saces sont des Scythes Amyrgiens:
mais ils étaient désignés ainsi parce que les
Perses donnent indistinctement le nom de
Saces à tous les Scythes.
(4) Lib. VII, 104.
 
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