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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0636

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626

L’UNIVERS.

nés (1). Cette dénomination est expli-
quée de diverses manières par les his-
toriens. Apollodore pensait que les
Grecs l’employèrent comme terme de
mépris pour un peuple ennemi ; d’au-
tres écrivains, et notamment Strabon,
combattent cette opinion et attestent
que la langue carienne n’était pas plus
rude que le grec, et que l’une et l’autre
langue avaient beaucoup de mots com-
muns. Cen’était donc qu’une différence
de prononciation qui valut aux Cariens
une épithète sur laquelle dissertent lon-
guement les plus graves auteurs, tandis
qu’à côté d’eux nous trouvons un peuple
entier, les Lyciens, dont la langue est
complètement différente du grec, et pas
un des anciens auteurs n’en fait la re-
marque : il faut aller chercher quelques
lambeaux de phrases dans les commen-
tateurs pour savoir que certaines villes
portaient deux noms, un grec et un ly-
cien. J’avais pensé un moment que
cette langue devait être celle dont nous
retrouvons tant de vestiges en Lyçie (2) ;
mais le fond de la langue des Cariens
était hellénique, car Psammétichus
donne à ceux qui habitaient ses États
la charge d’enseigner la langue grecque
à des enfants égyptiens (3). Cependant,
Étienne de Byzance nous a conservé
quelques mots cariens, qui paraissent
tout à fait étrangers à la langue grecque :
ala, cheval, souci, tombeau, cara, tête,
banda, victoire, gela, roi. Ce sont au-
tant de contradictions.
Les Cariens, après avoir porté l’épou-
vante dans toutes les îles de la Médi-
terranée , éprouvèrent à leur tour de
nombreux échecs. Chassés de Crète par
Minos, ils ne tardèrent pas à être expul-
sés de toutes les Cyclades, et lorsque les
Athéniens, dans le but de purifier Délos,
enlevèrent tous les tombeaux qui se trou-
vaient dans cette île, on remarqua que
le plus grand nombre des sépultures
avaient appartenu à des Cariens (4).
On éprouverait de grandes difficultés
si l’on voulait faire concorder les tra-
ditions qui nous sont restées sur les ori-
(t) Strabon, liv. XIV, p. 66r; Iliad., II,
867.
(2) Id., ibicL, p. 669-675.
(3) Hérodote, liv. H, cbap. i5;.
(4) Thucydide, liv. I, eh. 8,

gines de ce peuple, la plupart des au-
teurs grecs les font venir du dehors;
mais Éiérodote nous apprend qu’eux-
mêmes se regardaient comme autoch-
thones (1). Nous devons en conclure
qu’ils se trouvaient au nombre de ces
tribus chez lesquelles le sang s’était
tellement mêlé, qu’elles avaient peine
elles-mêmes à se rattacher à une sou-
che unique.
Le peuple carien était établi en Asie
longtemps avant laguerre.de Troie; et
comme on le voit figurer au nombre des
alliés de Priam (2), on pourrait penser
qu’il tenait plus de la race asiatique que
de la race grecque. Mais il est à croire,
au contraire, que dans l’origine ils te-
naient de près à la souche thrace,qui
vint s’établir d’Europe en Asie.
Les Mysiens, les Lydiens et les Ca-
riensétaient unisparune étroitealliance.
On montrait, aux environs de Mylasa,
un ancien temple de Jupiter Carien
qui était possédé en commun par les
trois peuples (3).
Cent trente ans après la guerre de
Troie, Nélée, fils de Codrus, arriva à
la tête des tribus helléniques qui vinrent
s’établir sur la côte d’Asie. Les Grecs
ne tardèrent pas à déclarer la guerre
aux Léléges et aux Pélasges, qui furent
de proche en proche repoussés de l’Æo-
lide au sud du Méandre. Androclus
s’empara d’Épbèse ; mais le territoire
conquis ne suffisant plus aux nouveaux
colons, ils franchirent le fleuve après
avoir occupé Milet et Priène, et aidè-
rent les Doriens à conquérir le promon-
toire où fut fondée la ville de Cnide. Ces
derniers se divisèrent en trois corps : le
premier occupa la Crète ; lesecond s’em-
para de l’îlede Rhodes; et le troisième,
sous la conduite d’Anthès, devint maître
de Cos et de la côte voisine. Ces colonies
demeurèrent à jamais maîtresses des
pays qu’elles avaient conquis, et les ins-
cri ptions que l’on y trouve encore aujour-
d’hui prouvent que le dialecte dorien
s’y conserva dans toute sa pureté (4).
Ce qui peut prouver qu’il existait une
certaine différence entre les Cariens et
(1) Hérodote, liv. I, ch. 171.
(2) Iliad., II, 867.
(3) Hérodote, liv. I, ch. 171.
A) Strabon, liv. XIV, p. 375,
 
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