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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0647

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ASIE MINEURE

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du sol, elle est défendue de distance en
distance par des tours demi-circulaires,
près de chacune d’elles s’ouvre une pe-
tite poterne qui établissait autant de
communications entre l’intérieur et
l’extérieur de la muraille qui se pro-
longe à perte de vue à travers un pays
désert et dont nous n’avons pu déter-
miner ni l’étendue ni la raison d’être.
Toutes les tours sont tournées vers
l'est. C’est donc la partie ouest du ter-
ritoire qui devait être défendue , or ce
terrain n’offre partout qu’une nature
agreste et primitive où la présence de
l'homme ne se décèle nulle part. Par-
tout le terrain est couvert de rochers
qui s’élèvent en pivot, et dans tout cet
espace on n’aperçoit pas une seule
pierre taillée. Il est donc impossible de
définir pour quel usage a été bâtie cette
muraille, puisque jamais elle ne put
servir d’enceinte à une ville. Les murs
ont trois mètres d’épaisseur; la hauteur
moyenne des assises est de plus d’un
mètre. Les tours sont percées de cinq
fenêtres étroites et couronnées par des
plates-bandes. Elles sont éloignées les
unes des autres d’environ cent mètres.
Dans cet espace, le mur forme entre
chaque tour deux ressauts, dans les-
quels s’ouvrent des poternes qui pren-
nent la courtine en enfilade. Dans l’es-
pace de mille mètres, j’ai compté dix-
sept poternes, qui sont toutes tournées
du côté du sud, ce qui prouve qu’il y
avait de fréquentes communications
entre l’intérieur et l’extérieur de l’en-
ceinte. Dans tout le parcours que j’ai
suivi, je n’ai vu qu’une seule grande
porte placée dans un angle rentrant du
mur. A côté de la porte sont des ou-
vertures longues et étroites, destinées
à donner issue aux eaux.- {Fig. Ire.)
Les tours sont massives jusqu’à qua-
tre mètres de hauteur, niveau des fe-
nêtres. La plus grande hauteur actuelle
des murailles ne dépasse pasdix mètres ;
des escaliers en partie conservés con-
duisaient sur les plates-formes, et enfin
de grandes portes donnaient accès dans
l’intérieur des tours. Nous n’avions dans
l’endroit aucun indigène pour lui de-
mander des renseignements sur le par-
cours de ce gigantesque ouvrage, qui
avait échappé à tous mes prédécesseurs,
et qui est resté inconnu a la plupart de

ceux qui après moi sont allés à Iassus,
malgré toutes les notes et les recom-
mandations que j’ai multipliées pour
compléter la connaissance d’un des ou-
vrages les plus antiques, et certaine-
ment des plus curieux que j’aie rencon-
trés en Orient. Je n’avais pas le loisir
de perdre beaucoup de temps pour
rechercher par moi-même les points de
départ et d’arrivée de cette muraille.
Je levai les plans d’une partie, pour
faire connaître les dispositions de la
poterne (1). Un plan levé à vue fut fait
par les officiers, et je l’aurais publié si
l’espace ne m’eût manqué; mais il ne
m’apprend rien sur la destination de
cette fortification, qui parait antérieure
aux migrations helléniques. Je ne doute
pas néanmoins que ce ne soient les
constructions dont parle Strabon dans
le passage que j’ai cité plus haut.
Iassus passe pour avoir été fondée
par des colons d’Argos; mais les guerres
désastreuses qu’ils eurent à soutenir
contre les indigènes diminuèrent telle-
ment leur nombre, qu’ils furent obligés
de demander du renfort au fils de Nélée,
fondateur de Milet. Iassus fut assiégée
par les Lacédémoniens, et plus tard par
Philippe, roi de Macédoine, qui s’en
empara; mais il ne conserva pas long-
temps le pouvoir. Polybe donne à la
ville dix stades de circonférence (2).
Paul Silentiaire, dans sa description
de Sainte-Sophie , dit qu’aux environs
d’Iassus se trouvaient des carrières de
marbre employé dans la décoration, et
qui était de couleur rouge. Les environs
de la ville produisent, il est vrai, plu-
sieurs sortes de marbre, mais il est gé-
néralement blanc; et j’ai à regretter de
n’avoir pas pu déterminer le gisement
de ces carrières de marbre rouge.
CHAPITRE IX.
BARGYLIA. — CYNDIA. — MYNDUS.
Après un court séjour à Iassus, la
Mésange appareilla, le 24 juillet 1835,
pour compléter l’exploration du golfe.
Vainement j’avais cherché de quel côté
pouvait se trouver le Bargijliticus Si-
(1) Voyez planche g, fig. Jet 2.
(2) Polybe, liv. XVI, chap. II.
 
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