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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0650

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640

L’UNIVERS

la Carie ne souffrirent que médiocre-
ment de la domination étrangère, et nous
ne voyons pas dans les ruines de la
ville que les gouverneurs perses^ aient
jamais élevé quelque ouvrage particulier
dont la destination eût un but religieux
ou politique. Tout dans ces ruines est
grec ou romain.
A côté du gouvernement monar-
chique d’Halicarnasse, les Cnidiens
conservèrent la démocratie, mais ne
mirent aucune opposition aux projets
d’Alexandre , et dans la marche de ce
conquérant sur Halicarnasse, il n’est
pas question des Cnidiens. Lorsque les
Romains furent maîtres de ces provin-
ces , Cnide ne tarda pas à sentir les ef-
fets de la munificence de Jules César,
en considération de la divinité dont
César descendait. En effet, le culte de
Vénus avait acquis une célébrité qui
effaçait celle des autres divinités , et la
Vénus cnidienne, chef-d’œuvre de Pra-
xitèle, était un objet d’envie et d’admi-
ration pour tous les princes de l’anti-
quité (1).
Pline surtout s’étend longuement sur
la merveilleuse beauté de cette figure,
et dit que de toutes les parties du monde
on venait pour l’admirer. Nicomède,
roi de Bithynie, proposa auxCnidiens de
leur faire remise de la totalité de leur
dette, qui était considérable, s’ils vou-
laient lui céder cette statue; mais ceux-
ci refusèrent en disant qu’ils ne pou-
vaient pas donner la gloire de leur ville.
11 y avait à Cnide des ouvrages d’au-
tres sculpteurs célèbres, mais ils étaient
à peine remarqués en présence de la
Vénus (2). En un mot, Vénus était de-
venue la divinité principale des Cni-
diens ; elle avait trois temples, et était
adorée sous les noms de Dorienne,
Acræenne et Euplœenne, et c’est sous
ce dernier nom que la statue de Praxi-
tèle était offerte à l’admiration des
adorateurs (3). Un passage d’un auteur
ancien nous donne quelques détails
sur les dispositions du temple, et nous
fait voir en même temps à quel degré
(1) Cicérou, in Verrem , IV, 12. — Pline,
1. V, ch. 28.
(2) Pline, liv. XXXVI, ch. 4; liv. VII,
ch. 39
(3) Pausanias, Attica, ch. I.

était porté l’enthousiasme des admira-
teurs de cette statue :
« Nous nous déterminâmes alors à
débarquer à Cnide pour voir la ville, et
y admirer le temple de Vénus , célébré
par la statue de cette déesse, chef-
d’œuvre de Praxitèle. Nous atteignîmes
le rivage sans accident, comme si la
déesse elle-même eût guidé notre barque.
Pendant que les matelots s’occupaient
aux préparatifs ordinaires, je fis le tour
de la ville ayant avec moi deux de mes
agréables compagnons. Nous nous amu-
sâmes des figures de poterie, bizarres
et lascives, dont cette ville, consacrée à
Vénus, abonde. Quand nous eûmes vi-
sité le portique de Sostrate, et que nous
eûmes vu tout ce qu’il y avait d’intéres-
sant, nous nous dirigeâmes vers le
temple de Vénus, Chariclès et moi,
avec une vive curiosité....
« En approchant de l’enceinte sacrée,
les parfums les plus délicieux nous
enivrèrent ; car au-dedans il n’y a pas
de pavé poli, mais l’aréa est disposée
comme il convient à un sanctuaire de
•Vénus, et abonde en arbres odoriférants
qui parfument l’air de leurs senteurs.
Le myrte, qui fleurit sans cesse et se
couvre d’une profusion de fruits, honore
surtout la déesse ; aucun des arbres
n’y souffre de la vieillesse ; ils sont
toujours jeunes, et poussent toujours
de nouveaux rejetons. Ceux qui ne pro-
duisent pas de fruits se distinguent par
leur beauté ; tels sont le cyprès élancé,
le grand platane et le laurier. Le lierre
embrasse amoureusement tous ces ar-
bres , pendant que la vigne montre
l’heureuse union des deux divinités.
Sous les épais timbrages se trouvent des
lieux de repos destinés à des repas
joyeux, qui, quoique rarement fréquen-
tés par le peuple de la ville, reçoivent de
nombreuses visites des autres habitants
du territoire cnidien.
« Après nous être avidement rassa-
siés des beautés de la nature, nous en-
trâmes dans le temple. Au milieu est la
divinité, en marbre de Paros , ouvrage
splendide. Un sourire à demi retenu
est sur sa bouche. Aucun voile ne ca-
che sa beauté , aucune partie de son
corps n’est cachée, excepté celle que
voile la main gauche légèrement fléchie.
L’art du sculpteur a été tel, que le
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