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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0663

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ASIE MINEURE.

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merce d?Asie ; ne souffrir, en un mot,
aucune domination que celle des bri-
gands qu’ils se donnaient pour chefs,
et qu’ils assassinaient, pour peu que
l’intérêt de leur vengeance ou de leur
cupidité les portât à une trahison. Le
tableau de ce petit peuple ne manque
pas d’un certain intérêt dramatique;
et quand on parcourt les contrées
théâtre de sa résistance opiniâtre, on
comprend que Rome même ait été
embarrassée pour le soumettre.
Les Lycaoniens et les Isaures se dis-
tinguent des Cappadociens, en ce qu’ils
ne paraissent pas attacher aux idées
religieuses la même importance que
ces derniers, qui prouvent, par là , leur
parenté avec les peuples de l’Asie
orientale. Il est peu de villes impor-
tantes en Cappadoce qui n’aient à offrir
au peuple la protection de quelque
divinité plus ou moins célébré. Chez les
Lycaoniens et les Isaures, on ne voit
rien que des châteaux; le pillage, la
guerre, voilà la vie des uns; l’agricul-
ture et la soumission aux maîtres qu’on
leur donne, voilà le type des autres.
Abstraction faite des idées reli-
gieuses, le caractère pillard des peuples
isauriens pourrait faire supposer qu’ils
appartenaient à cette race leuco-sy-
rienne qui avait envahi le nord de la
Cilicie. On doit les regarder comme
foncièrement nomades ; ils n’avaient
des châteaux forts que pour conserver
le produit de leurs rapines. Ils étaient
pasteurs comme les Arabes, et, comme
eux, disposés à souvent changer de
chefs , qui étaient choisis par voie d’é-
lection. Les Isaures ont aussi ces traits
de ressemblance avec les Arabes, qu’ils
ne craignent pas de s’adonner à la na-
vigation; en cela ils diffèrent de tous
les peuples, Perses, Mèdes et Assyriens,
qui ont toujours montré pour la mer
une aversion profonde ; caractère en-
core saillant chez les Arméniens et
Persans modernes. Alliés aux pirates
ciliciens , les Isaures devinrent le fléau
des mers; Rome, à l’apogée de sa
puissance , est obligée de leur déclarer
une guerre en règle, et leur défaite valut
au général Publius Servilius un surnom
qui le plaçait à côté des vainqueurs de
Carthage et de Numance.
Strabon semble vouloir faire de l’I-

saurie une partie de la province de Ly-
caonie ; de son temps, en effet, c’était
un parti convenu d’annuler, autant que
possible, la province d’isaurie. Pline
répare cette omission géographique, et
mentionne en détail toutes les villes et
les châteaux de la contrée : Ciliciæ
Pamphyliam omnes junxere neglecta
gente Isaurica, etc (1). Il cite les villes
d’Isaure, Clibanum et Lalasis, repro-
chant aussi aux écrivains de son temps
de passer sous silence la nation des Ho-
monadiens, qui confinait à la nation
isaurique, et qui avait pour capitale
Homona, dans l’intérieur des terres.
Strabon (2) fait de l’Isaurieune annexe
de la Lycaonie. « A la Lycaonie appar-
tient encore l’Isaurique, située près du
Taurus. »
Ces écrivains nous laissent ignorer
l’origine du nom d’isaurie, qui pa-
rait être de souche grecque. Les an-
ciens ont souvent donné aux peuples
un nom tiré de leurs habitudes ou de
leurs qualités; le nom d’Isaure ne
viendrait-il pas de l’habileté que mon-
traient ces montagnards dans le manie-
ment du javelot Laupla, jaculum (3).
Pline cite également une peuplade
de Lycaonie, qu’il nomme Pelteni, de
l’usage , sans doute, adopté par elle de
porter un petit bouclier (pelta), contre
l’habitude générale chez les peuples du
sud de l’Asie , de porter des boucliers
très-grands, ainsi que cela nous est
attes'é par les bas-reliefs. Une figure
incrustée dans les murailles de Konieh,
représente peut-être un de ces Pelteni
lycaoniens (4). 11 tenait en même temps
le javelot isaurien. Zozime (5) dit que
le peuple des Isaures demeure toujours
dans les montagnes escarpées et inac-
cessibles du Taurus ; mais Pline (6)
étend leurs frontières jusqu’à la mer
(1) Pline, lib. V, cbap. 27.
(2) Lib. XII, 568.
(3) Selon M. Kiepert le nom des Isaures
esi d’origine araméenne, el vient des Ietûri,
mot prononcé par les Hébreux Ieschtiri et
par les Grecs Isauri ; il signifie: un peuple
qui habite les montagnes. Ritter, Erdkunde,
t. IX, 422-
(4) Voyez pl. 5 , bas-relief à Konieh.
(5) Zozime, liv. V, chap. 25.
(6) Pline, liv. V, chap. 27.
 
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