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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0702

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692

L'UNIVERS.

Constantinople, dans le quartier des
Blachernos. 11 fut honoré en France,
au neuvième siècle, avant mémeque ses
reliques fussent transportées en Italie.
La légende raconte de la manière
suivante l’enlèvement clandestin des
reliques du saint par des marchands
italiens; ce récit sert à fixer d’une ma-
nière certaine la date de la construction
de diverses églises.
Le tombeau de Myra était le but de
nombreux pèlerinages, et les Osmanlis
ne se faisaient pas faute de l’invoquer.
Or, la ville de Myra fut prise, la sixième
année du règne de l’empereur Nicé-
phore, par Achmet, général du calife
Hareun. Il voulut détruire le tombeau
de saint Nicolas; mais les chrétiens,
pour conserver leurs reliques, trom-
pèrent l’Arabe par une fausse indication,
et un tombeau voisin fut saccagé.
Depuis cet événement, le tombeau
de saint Nicolas resta encore à Myra
l’espace de deux cent quatre-vingts ans,
pendant lequel on fit diverses tentatives
pour l’enlever.
Enfin, par une manœuvre dont les
légendaires ne paraissent pas avoir
compris toute la déloyauté, les reliques
tombèrent entre les mains des Latins.
Quarante bourgeois et marchands de
Bari, en Pouille, se rendaient en Syrie
dans le dessein d’aller commercer à
Antioche. Se trouvant dans les parages
de Myra, ils conçurent le projet d’en-
lever les célèbres reliques; ils envoyè-
rent secrètement reconnaître les lieux,
pour prendre les mesures et sûretés
nécessaires, et remirent à leur retour
l’exécution de leur projet.
Étant à Antioche, quelques-uns d’en-
tre eux ne purent s’empêcher de s’en
ouvrir à quelques Vénitiens de leur
connaissance, qui déclarèrent avoir
conçu, de leur côté , un semblable des-
sein et y persister.
Il n’en fallut pas davantage aux gens
de Bari pour leur faire expédier promp-
tement leurs affaires dans la crainte de
se voir devancés.
S’étant remis en mer, ils s’arrêtèrent
à la rade de Lycie et surent de leurs
espions que la ville de Myra était toute
déserte, et qu’on ne trouvait presque
personne ni dans le monastère, ni dans
I église de Syon, où était déposé le

corps de saint Nicolas. Il n’y avait, en
effet, que trois religieux qui gardaient
ce saint dépôt; tous étaient d’ailleurs
dans la désolation par suite des hosti-
lités des Musulmans.
Les gens de Bari firent accroire à ces
religieux qu’ils étaient envoyés du pape
de l’ancienne Rome, pour pourvoir à
la sûreté et à l’honneur de ces saintes
reliques , en leur procurant un asile eu
Italie ; ils achevèrent de les gagner en
leur donnant cent écus d’or à chacun,
par vaisseau.
Après diverses prières, ils rompirent
le tombeau de marbre à grands coups
de marteau ; ils y trouvèrent une urne
de même matière, et crurent d’abord
que c’était un grand vase de parfums;
ils remarquèrent qu’elle était à demi
pleine d’une liqueur admirable qui res-
semblait à une huile très-pure, qui,
selon les religieux, sortait du corps
même du saint et transpirait à travers
le marbre. Il parut à ces pèlerins qu’on
avait déjà touché au corps du saint
pour en prendre quelque partie, car
les os étaient pêle-mêle hors de leur
situation naturelle, et la tête était à
part. Ayant tout rassemblé dans une
caisse très-propre, ils enlevèrent ces
reliques le 20 avril de l’an 1087.
Les navires revinrent à Bari en dix-
huit jours. L’arrivée derces reliques
causa une grande sensation dans toute
la chrétienté. L’huile miraculeuse fut
distribuée à différents monastères. En
1100, l’évêque d’Amiens se rendit à
Bari pour en obtenir une fiole. En
1660, elle attirait un concours immense
de pèlerins à Worms, en Palatinat.
Dès l’année 1089 , des processions et
des fêtes avaient été instituées en l’hon-
neur du nouveau saint, et les fidèles
avaient jeté les fondements d’une église
qui existe encore à Bari. Les Normands
s’étaient emparés de cette ville en
1073; ils concoururent, avec les habi-
tants, à la construction delà nouvelle
cathédrale. Enfin, en 1103; c’est-à-dire,
seize ans après l’arrivée des reliques,
l’église de Bari fut inaugurée par Je duc
d’Apulie, premier roi normand de Si-
cile. L’église est sans transept, mais
n’est pas complètement en forme de
basilique; elle tient plutôt du style la-
tin que du style byzantin.
 
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