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Texier, Charles
Asie Mineure: description geographique, historique et archeologique des provinces et des villes de la chersonnése d'Asie — Paris, 1862

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https://doi.org/10.11588/diglit.10179#0703

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ASIE MINEURE.

693

Les Vénitiens, qui avaient été devan-
cés par les gens de Bari, ne se tinrent
pas pour battus, et ils trouvèrent
moyen de transporter, eux aussi, à
Venise, les reliques de saint Nicolas.
Les légendaires, pour accommoder tous
ces hauts faits de dévots peu scrupu-
leux, prétendent que le saint Nicolas
de Venise est l’oncle du précédent, et
qu’il est honoré avec saint Théo-
dore (1).
Mais les reliques de ces bienheureux
ne tardèrent pas à se multiplier dans le
inonde chrétien On comptait à Paris
plusieurs églises sous cette invocation :
la collégiale de Saint-Nicolas du Lou-
vre, l’église abbatiale de Saint-Nicolas
des Champs; enfin, Saint-Nicolas du
Palais , que saint Louis fit abattre pour
bâtir la Sainte-Chapelle. Le chef de
saint Nicolas fut déplacé, et on ne peut
dire avec certitude ce qu'il devint.
Nous fûmes rendre une première vi-
site aux antiquités de Myra.
Il paraît que dans le moyen âge la
ville de Myra s’étendait dans la plaine,
car on rencontre d’abord une vaste en-
ceinte carrée, entourée de murailles de
marbre , qui a sans doute appartenu à
la ville byzantine. Toutes ces murailles
sont faites de débris d’anciens monu-
ments. On apercevait la nécropole de
loin dans les rochers, et nous savions
qu’il avait existé un théâtre : un ca-
loyer nous y conduisit, et nous trou-
vâmes un des plus beaux monuments de
ce genre que j’aie encore vus. Toute la
scène était décorée de colonnes de gra-
nit, d’ordre composite; il en reste une
encore en place avec le pilastre voi-
sin ; les autres sont gisant devant la
muraille du proscénium.
Les portes sont d’un très-beau tra-
vail, et dans la salle des mimes on voit
accumulé un monceau de chapiteaux,
de masques tragiques et d’ornements de
toute espèce. Ce théâtre est bâti en
pierre calcaire blanche, compacte, aussi
belle que le marbre ; la scène est tour-
née vers le sud ; la galerie de l’est est
(i) Orderic Vital, publié par M. A. Le-
prévast, t. III. — Surius, Fiiœ Sanct.
a vol. in-fol. — Angeli, J7ie des Saints,
en italien. — Gally Knight,
architecture ef Italy.

double, et conduit à la seconde pré-
cinction. On avait accès à la première
par le théâtre et par la galerie circu-
laire de la seconde précinction. Toutes
ces galeries sont d’une magnifique cons-
truction , sans mortier. Il y a vingt-sept
rangs de gradins à la première pré-
cinction , et il devait y en avoir vingt à
la seconde. Nous abandonnâmes le cou-
vent dans la soirée, pour venir nous
loger dans un grand konac, ou maison
de campagne, appartenant à l’agha de
Cassaba. Le vieux Turc, qui est son
beau-frère, fit quelque difficulté de
nous admettre, craignant que nous
n’apportassions avec nous l’épidémie du
couventp, mais quand il sut combien
nous étions liés avec l’agha de Cassaba,
il nous reçut à bras ouverts.
Nous occupâmes sur-le-champ les
matelots de la chaloupe à faire des fouil-
les pour retrouver le podium de la pre-
mière précinction du théâtre; les habi-
tants vinrent nous aider à mettre le feu
aux broussailles qui encombraient la
salle des mimes.
Le gibier abonde dans la plaine de
Myra; les geais bleus, les sirènes, les
tourterelles venaient jusque dans notre
galerie. Un bœuf coûte 22 fr. 50 cent.,
un mouton, 4 fr.; tous les produits
sont en proportion, car la plaine de
Myra n’est habitée que par une tribu
yuruque qui fait peu de commerce.
Les tombeaux de Myra méritent une
attention particulière entre tous ceux
de la Lycie. Ils sont au nombre de
trente, tous taillés dans le flanc de la
montagne; les uns sont entièrement dé-
tachés du rocher et forment une sorte
de portique imitant une construction
de bois et portent des inscriptions ly-
ciennes, l'un d’eux cependant contient
une courte inscription grecque : « Arsace
de Myndus ». Généralement l’épigra-
phie lycieime est très-brève.
La plus intéressante de ces inscriptions
est une idylle en trois mots, une déclara-
tion d’amour gravée sur la porte d’un
tombeau par un jeune berger de Myra :
« Moschus aime Phiiiota la fille de Dé-
« métrius. » Les caractères sont tracés
avec une pointe, peut-être avec le fer
de sa houlette.
Un certain nombre de bas-reliefs
d'un bon stvle sont exécutés à une
 
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