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Toutain, Jules
Les cités romaines de la Tunisie: essai sur l'histoire de la colonisation romaine dans l'Afrique du Nord — Paris, 1895

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https://doi.org/10.11588/diglit.16856#0276
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262

LES CITÉS ROMAINES DE LA TUNISIE.

résultaient, à tous les citoyens de fortune modeste. Le rôle des
petites gens, dans la vie administrative et officielle des cités, fut
donc très effacé, même lorsque les magistrats étaient élus dans
les comices ; il devint parfaitement nul lorsque les attributions
de l'assemblée populaire eurent été conférées à la curie. Obligés
de renoncer à toute ambition politique, parce que les ressour-
ces leur faisaient défaut pour satisfaire cette ambition, les
pauvres et les humbles s'enfermèrent, s'isolèrent en quelque
sorte dans leur vie quotidienne surtout consacrée au travail.
Ils entrèrent beaucoup moins que les riches en contact avec le
monde extérieur; s'il est vrai qu'ils ne résistèrent pas à l'in-
fluence de la civilisation romaine, et qu'ils furent toujours des
sujets loyaux et fidèles de l'empire, ils restèrent aussi plus atta-
chés aux coutumes et aux mœurs de leurs aïeux. C'est dans les
inscriptions où ne s'étale aucun titre, où il n'est fait mention
d'aucune dignité officielle, que se lisent surtout les noms traduits
du punique et du libyque, que se reconnaissent les traces les
plus nombreuses et les plus marquées de l'ancienne onomasti-
que ; parmi les adorateurs de l'antique Baal phénicien revêtu
du nom latin de Saturne, on rencontrerait difficilement un ma-
gistrat municipal; les prêtres de ce dieu, comme ceux d'Escu-
lape et de Pluton, comme les prêtresses de Gérés et de Proser-
pine, sortaient de la plèbe ; ces sacerdoces essentiellement
populaires n'étaient pas brigués par l'aristocratie urbaine. A
Masculula, tandis que des épithaphes latines couvrent les murs
des mausolées, les stèles funéraires les plus modestes, faites
chacune d'une pierre mal taillée, portent souvent des inscrip-
tions néo-puniques. Les rites funéraires d'origine phénicienne,
abandonnés ou dédaignés par les hautes classes de la société,
survécurent au contraire sous les tombes les plus simples, dans
les sépultures anonymes. La masse populaire a donc été
bien moins transformée que la bourgeoisie municipale ; l'in-
fluence du peuple vainqueur a été plus apparente que réelle sur
la foule des plébéiens, qui l'ont acceptée sans lutte, mais qui
ne sont pas allés au-devant d'elle, qui ne l'ont ni recherchée ni
appelée.

Tout à fait au dernier rang vivaient les esclaves. A vrai dire
les documents et les renseignements nous font défaut sur le
travail servile dans l'Afrique romaine. Les seuls esclaves dont
on connaisse l'existence avec certitude sont les esclaves impé-
riaux employés soit à Garthage dans les bureaux du proconsul,
soit à Simitthu dans les carrières de marbre numidique. L'ex-
 
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