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Vigée-Lebrun, Louise-Elisabeth
Souvenirs, notes et portraits 1755 - 1789 — Paris, 1869

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Souvenirs de Madame Louise-Elisabeth Vigée-Le Brun
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https://doi.org/10.11588/diglit.61282#0031
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Souvenirs de Madame Vigée-Le Brun

Quant à Joseph Vernet, il a bien prouvé
l’excellence de sa méthode par ses œuvres,
qui ont été et seront toujours si justement
admirées.
Je fis aussi connaissance alors avec
l’abbé Arnault, de l’Académie française.
C’était un homme plein d’imagination,
passionné de la haute littérature et des
arts, dont la conversation m’enrichissait
d’idées, si l’on peut s’exprimer ainsi. 11

qu’elle n’imagina rien de mieux pour m’en
distraire que de me mener voir des ta-
bleaux. Elle me conduisait au palais du
Luxembourg, dont la galerie étajt ornée
alors des chefs-d’œuvre de Rubens, et
beaucoup de salles remplies de tableaux
des plusgrandsmaîtres (i). Cestableaux ont
été transportés depuis au Muséum et ceux
de Rubens perdent à n’être plus vus dans
la place où ils ont été faits; des tableaux


VUE DE PASSY,

PRISE DANS t’iLE DES CYGNES

Dessin et gravure de Le Veau

parlait peinture et musique avec le plus
vif enthousiasme. L’abbé Arnault était un
ardent partisan de Gluck, et, plus tard,
il amena chez moi ce grand musicien; car
j’aimais aussi la musique passionnément.
Ma mère devenait coquette de ma
figure, de ma taille, car j’avais repris de
l’embonpoint, ce qui m’avait enfin donné
la fraîcheur de la jeunesse. Elle me me-
nait aux Tuileries les dimanches; elle
était encore fort belle elle-même, et tant
d'années se sont passées depuis lors que
je puis vous dire aujourd’hui qu’on nous
suivait de telle manière que j’en étais
beaucoup plus embarrassée que flattée.
Ma mère me voyait toujours si affec-
tée de la perte cruelle que j’avais faite,

bien ou mal éclairés sont comme des pièces
bien ou mal jouées.
Nous allions aussi voir de riches collec-
tions chez des particuliers. Randon de
Boisset possédait une galerie de tableaux
flamands et français. Le duc de Praslin et
le n arquis de Lévis avaient de riches col-
lections des grands maîtres de toutes les
écoles. M. Harent de Presle en avait une
très riche en tableaux de maîtres italiens ;
mais aucune ne pouvait se comparer à celle
du Palais-Royal, qui avait été faite par
le Régent, et dans laquelle se trouvaient

( i ) A présent on y voit des tableaux de peintres
modernes français. Je suis la seule qui n’en ait pas
dans cette collection (1835).
 
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