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HISTOIRE DE l’hABITATION.
son souvenir sur l’habitation détruite et se plaisait à lui faire
décrire jusque dans les moindres détails les diverses parties
de cette case, les meubles primitifs qu’elle renfermait, les
événements de famille dont elle avait été le témoin. Doxi
semblait s’émouvoir à chaque souvenir touchant exprimé
par son hôtesse, et répétait sans cesse : « Refaites-la donc,
femme, cette demeure, de telle sorte que vous retrouviez
chaque chose à la place qu’elle occupait, et que vous ne
puissiez rien regretter du passé ! »
Quand le soir revinrent les homs, couverts de sueur et
traînant derrière eux des bois recueillis dans la forêt, ils
virent la femme triste et silencieuse. Le repas n’était pas
préparé et ils avaient grand faim. « Mère ! dit l’Arya,
qu’est-ce donc, et pourquoi ce visage triste ? Qu’est-il arrivé,
qui t’a empêchée de préparer notre nourriture ? » La femme,
les yeux rouges, ne répondit pas et s’empressa de réparer
le temps perdu. « La mère, dit Épergos, regrette son habi-
tation détruite ; son chagrin lui a fait oublier nos besoins
et les siens propres. C’est trop naturel. Quand elle se trouvera
maîtresse dans une demeure plus ample et mieux close, sa
tristesse s’évanouira. Laissez-la à ses regrets, et demain
mettons-nous à l’œuvre. »
En effet, dès la pointe du jour, on se mit à tracer la
nouvelle maison et à tout préparer pour l’élever promp-
tement. Suivant les avis d’Épergos, la maison devait
s’élever sur une plate-forme composée d’une bordure de
grosses pierres, afin de soustraire le sol intérieur à l’hu-
midité qu’entretenait la pluie autour de l’ancienne habitation.
HISTOIRE DE l’hABITATION.
son souvenir sur l’habitation détruite et se plaisait à lui faire
décrire jusque dans les moindres détails les diverses parties
de cette case, les meubles primitifs qu’elle renfermait, les
événements de famille dont elle avait été le témoin. Doxi
semblait s’émouvoir à chaque souvenir touchant exprimé
par son hôtesse, et répétait sans cesse : « Refaites-la donc,
femme, cette demeure, de telle sorte que vous retrouviez
chaque chose à la place qu’elle occupait, et que vous ne
puissiez rien regretter du passé ! »
Quand le soir revinrent les homs, couverts de sueur et
traînant derrière eux des bois recueillis dans la forêt, ils
virent la femme triste et silencieuse. Le repas n’était pas
préparé et ils avaient grand faim. « Mère ! dit l’Arya,
qu’est-ce donc, et pourquoi ce visage triste ? Qu’est-il arrivé,
qui t’a empêchée de préparer notre nourriture ? » La femme,
les yeux rouges, ne répondit pas et s’empressa de réparer
le temps perdu. « La mère, dit Épergos, regrette son habi-
tation détruite ; son chagrin lui a fait oublier nos besoins
et les siens propres. C’est trop naturel. Quand elle se trouvera
maîtresse dans une demeure plus ample et mieux close, sa
tristesse s’évanouira. Laissez-la à ses regrets, et demain
mettons-nous à l’œuvre. »
En effet, dès la pointe du jour, on se mit à tracer la
nouvelle maison et à tout préparer pour l’élever promp-
tement. Suivant les avis d’Épergos, la maison devait
s’élever sur une plate-forme composée d’une bordure de
grosses pierres, afin de soustraire le sol intérieur à l’hu-
midité qu’entretenait la pluie autour de l’ancienne habitation.