HISTOIRE DE l’ H A BIT AT I O N .
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longue. Nous aurions plus tôt fini si nous avions fait des pa-
rois à l’aide de troncs d’arbres empilés, ainsi que cela était
pratiqué pour la maison détruite.
— C’est, dit aussitôt Doxi, ce que commandait la sagesse;
et aujourd’hui, cette femme et ses enfants seraient à l’abri
dans leur demeure si ton imprudence ne t’avait pas engagé
à entreprendre un travail au-dessus de tes forces. — Hélas !
saupira la mère. — Considérez cependant, reprit Épergos,
que la durée n’est acquise qu’à ce qui exige du temps pour
croître, et du travail. Le chêne croît plus lentement que la
fougère; mais celle-ci se dessèche pendant l’hiver, tandis que
le chêne persiste et finit par couvrir de ses branches un
large espace. L’insecte se fait une demeure pour sa vie
qui s’éteint avec la belle saison et n’a point à se préoccuper
des générations qui le suivent. Mais vous, Arya, vous devez
vous construire un logis pour votre vie et, s’il est possible,
pour celle de vos enfants, car ils se souviendront devons,
s’ils conservent le toit que vous leur avez fait, et vous croi-
ront toujours parmi eux. La vue des lieux que vous avez
habités leur rappellera votre courage et vos soins. Mon com-
pagnon Doxi prétend que tout est pour le mieux et doit être
dans l’avenir comme dans le présent. Il entend conserver
le bien comme le mal, l’incomplet comme le fini. N’écoutez
pas trop ses propos, si vous voulez vous distinguer de la
brute.
— Le Créateur de toutes choses, répliqua Doxi, non sans
une certaine aigreur, a réparti à chaque être une dose d’in-
telligence qui lui permet d’obtenir ce qui lui convient ; aller
au delà, c’est franchir la limite qu’il a tracée. Ces Aryas ont
des instruments avec lesquels ils tranchent le bois et brisent
la pierre, c’est déjà trop ; l’oiseau n’a pas besoin d’outils
pour faire son nid, et il vit ainsi dans la limite qui lui est
assignée, sans désirer plus ou mieux. Tu as trouvé cette
famille établie dans une habitation qui lui semblait bonne et
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longue. Nous aurions plus tôt fini si nous avions fait des pa-
rois à l’aide de troncs d’arbres empilés, ainsi que cela était
pratiqué pour la maison détruite.
— C’est, dit aussitôt Doxi, ce que commandait la sagesse;
et aujourd’hui, cette femme et ses enfants seraient à l’abri
dans leur demeure si ton imprudence ne t’avait pas engagé
à entreprendre un travail au-dessus de tes forces. — Hélas !
saupira la mère. — Considérez cependant, reprit Épergos,
que la durée n’est acquise qu’à ce qui exige du temps pour
croître, et du travail. Le chêne croît plus lentement que la
fougère; mais celle-ci se dessèche pendant l’hiver, tandis que
le chêne persiste et finit par couvrir de ses branches un
large espace. L’insecte se fait une demeure pour sa vie
qui s’éteint avec la belle saison et n’a point à se préoccuper
des générations qui le suivent. Mais vous, Arya, vous devez
vous construire un logis pour votre vie et, s’il est possible,
pour celle de vos enfants, car ils se souviendront devons,
s’ils conservent le toit que vous leur avez fait, et vous croi-
ront toujours parmi eux. La vue des lieux que vous avez
habités leur rappellera votre courage et vos soins. Mon com-
pagnon Doxi prétend que tout est pour le mieux et doit être
dans l’avenir comme dans le présent. Il entend conserver
le bien comme le mal, l’incomplet comme le fini. N’écoutez
pas trop ses propos, si vous voulez vous distinguer de la
brute.
— Le Créateur de toutes choses, répliqua Doxi, non sans
une certaine aigreur, a réparti à chaque être une dose d’in-
telligence qui lui permet d’obtenir ce qui lui convient ; aller
au delà, c’est franchir la limite qu’il a tracée. Ces Aryas ont
des instruments avec lesquels ils tranchent le bois et brisent
la pierre, c’est déjà trop ; l’oiseau n’a pas besoin d’outils
pour faire son nid, et il vit ainsi dans la limite qui lui est
assignée, sans désirer plus ou mieux. Tu as trouvé cette
famille établie dans une habitation qui lui semblait bonne et