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sous le nom d'amnistie, que l'impunité de leur
crime ; indulgence à laquelle ils donnèrent
pour motif le désir d'éviter les malheurs d'une
nouvelle guerre civile. Ces résolutions prises,
une réconciliation eut lieu entre le consul
Marc-Antoine et les conspirateurs : mais aux
funérailles de César et à la vue de son corps ,
le peuple , vivement ému de ce spectacle , et
bientôt transporté de fureur, força par ses
menaces et ses insultes les conjurés à recon-
noître qu'ils avoient immolé à leur haine par-
ticulière non le tyran, mais le père de la pa-
trie (i).
(1) Cicéron et ceux qui , comme lui , s'e'loient déclares
pour les meurtriers de César, se faisoient illusion, et at-
tribuaient à un parti forme dans la plus vile populace
les rrgrets qu'exciia la mort de César, et la haine qui
poursuivit les prétendus lyrannicides. Cependant Bru tus
et Cassius avoient eux-mêmes tâché de se faire un parti
en répandant de l'or dans la lie du peuple; et ce parti,
quoique appuyé par les gladiateurs de Dccimus Brutus,
fut toujours le plus foible. Les consuls Antoine et Dola-
belLa, qui n'étoient point favorables aux conjurés, fuient
obliges plusieurs fois de réprimer avec une sévérité extrê-
me les excès auxquels se portoit le peuple qui regreltoit
César. La suite des faits et la retraite clandestine de tous
les conspirateurs sont une preuve évidente de l'improba-
tion presque générale qui suivit leur attentat. On n'a
qu'à examiner la succession des événements, admirable-
ment décrite par Appicn [Civil, 1. II et lit), et les
aveux que la force de la vérité arrache à Cicéron lui-mê-
me dans plusieurs passages de ses Philip'piqlies et de sa
correspondance.
sous le nom d'amnistie, que l'impunité de leur
crime ; indulgence à laquelle ils donnèrent
pour motif le désir d'éviter les malheurs d'une
nouvelle guerre civile. Ces résolutions prises,
une réconciliation eut lieu entre le consul
Marc-Antoine et les conspirateurs : mais aux
funérailles de César et à la vue de son corps ,
le peuple , vivement ému de ce spectacle , et
bientôt transporté de fureur, força par ses
menaces et ses insultes les conjurés à recon-
noître qu'ils avoient immolé à leur haine par-
ticulière non le tyran, mais le père de la pa-
trie (i).
(1) Cicéron et ceux qui , comme lui , s'e'loient déclares
pour les meurtriers de César, se faisoient illusion, et at-
tribuaient à un parti forme dans la plus vile populace
les rrgrets qu'exciia la mort de César, et la haine qui
poursuivit les prétendus lyrannicides. Cependant Bru tus
et Cassius avoient eux-mêmes tâché de se faire un parti
en répandant de l'or dans la lie du peuple; et ce parti,
quoique appuyé par les gladiateurs de Dccimus Brutus,
fut toujours le plus foible. Les consuls Antoine et Dola-
belLa, qui n'étoient point favorables aux conjurés, fuient
obliges plusieurs fois de réprimer avec une sévérité extrê-
me les excès auxquels se portoit le peuple qui regreltoit
César. La suite des faits et la retraite clandestine de tous
les conspirateurs sont une preuve évidente de l'improba-
tion presque générale qui suivit leur attentat. On n'a
qu'à examiner la succession des événements, admirable-
ment décrite par Appicn [Civil, 1. II et lit), et les
aveux que la force de la vérité arrache à Cicéron lui-mê-
me dans plusieurs passages de ses Philip'piqlies et de sa
correspondance.