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de la douleur d'être témoin d'un si triste re-
tour. La tête de Bru tus fut envoyée à Rome
pour être mise au pied de la statue de César ;
mais dans le trajet elle fut engloutie par la
mer (i).
L'opinion des vertus patriotiques de Brutus,
répandue parmi ses contemporains ; a fait illu-
sion à la postérité , d'autant plus que cette opi-
nion étoit celle de deux écrivains qui, ayant
laissé des mémoires sur sa vie , ont été copiés
par Plutarque ; mais on peut sans injustice les
soupçonner de partialité: l'un étoit Bibulus son
Beau-fils ; l'autre Volumnius son ami. Marc-An-
toine lui-même , s'il en faut croire le biogra-
phe grec, étoit persuadé que le chef des cons-
pirateurs contre César s'étoit porté à ce crime
par l'attrait que pouvoit avoir un tel attentat
pour une ame républicaine : mais si nous con-
par cet étrange moyen , lorsque la conspiration de son
mari contre Octave fut découverte et punie par Mécène;
YcIIeïus Paterculus, qui nous a conservé ce fait arrivé
presque de son temps, en cherchant des exemples d'au-
tres femmes romaines qui n'avoient point voulu survivre
à leurs époux, ne 'dit pas un mot de Porcic (1. II,
c. lxxxvih ); tant il est vrai que le récit de sa mort vio-
lente lui éloit inconnu. Il est même probable que ce
récit n'a dû sou origine qu'à une méprise de Nicolas de
Damas qui a pris le change sur celte anccdole , en attri-
buant à la femme de Brutus ce qui étoit arrivé à sa
nièce.
(i) Suétone, Octavius Qrsar, c. xm ; Dion, 1. XLVH,
§• 49-
de la douleur d'être témoin d'un si triste re-
tour. La tête de Bru tus fut envoyée à Rome
pour être mise au pied de la statue de César ;
mais dans le trajet elle fut engloutie par la
mer (i).
L'opinion des vertus patriotiques de Brutus,
répandue parmi ses contemporains ; a fait illu-
sion à la postérité , d'autant plus que cette opi-
nion étoit celle de deux écrivains qui, ayant
laissé des mémoires sur sa vie , ont été copiés
par Plutarque ; mais on peut sans injustice les
soupçonner de partialité: l'un étoit Bibulus son
Beau-fils ; l'autre Volumnius son ami. Marc-An-
toine lui-même , s'il en faut croire le biogra-
phe grec, étoit persuadé que le chef des cons-
pirateurs contre César s'étoit porté à ce crime
par l'attrait que pouvoit avoir un tel attentat
pour une ame républicaine : mais si nous con-
par cet étrange moyen , lorsque la conspiration de son
mari contre Octave fut découverte et punie par Mécène;
YcIIeïus Paterculus, qui nous a conservé ce fait arrivé
presque de son temps, en cherchant des exemples d'au-
tres femmes romaines qui n'avoient point voulu survivre
à leurs époux, ne 'dit pas un mot de Porcic (1. II,
c. lxxxvih ); tant il est vrai que le récit de sa mort vio-
lente lui éloit inconnu. Il est même probable que ce
récit n'a dû sou origine qu'à une méprise de Nicolas de
Damas qui a pris le change sur celte anccdole , en attri-
buant à la femme de Brutus ce qui étoit arrivé à sa
nièce.
(i) Suétone, Octavius Qrsar, c. xm ; Dion, 1. XLVH,
§• 49-