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éteinte ; elle se ranima lorsque le mariage de
celui-ci avec Fulvie, veuve de Clodius et puis
de Curion (i), sembla avoir rendu sa conduite
plus régulière. Cette femme ambitieuse et intri-
gante réveilla dans le cœur de son époux cette
ardeur de dominer, qui, dans l'ame d'Antoine,
trop adonné aux plaisirs, u'avoit été jusqu'à ce
moment qu'une passion secondaire ; elle l'accou-
tuma la première, comme Plularque l'a bien re-
marqué, à se laisser gouverner par uue femme (2).
César et la fortune ne tardèrent pas à ouvrir
une vaste carrière à l'ambition d'Antoine ; Cé-
sar , en lui rendant ses bonnes grâces et en le
nommant son collègue au consulat l'an 710 de
la fondation de Rome , lui donna la première
place de la république après celle qu'il occu-
poit lui-même; et la fortune, en laissant périr
le dictateur victime d'une funeste conspiration
le i5 mars de la même année (3), remit dans
les mains du consul, qui restoit sans collègue,
(1) Voyez Cicéron Philipp. II, §. 5.
(2) Plutarquc, Marais tintouins, §. 10.
(5) Les conjures vouloient immoler Marc-Antoine; Bru-
tus s'y opposa, dans l'intention de faire considérer leur
attentat comme une action tout-à-fait héroïque et sans
mélange d'aucune haine particulière. La noble discrétion
de Marc-Antoine , qui n'avoit pas révélé à César des
discours insensés que quelqu'un des conspirateurs lui avoit
tenus en d'autres occasions , flatta ceux-ci de l'espoir que
Marc-Antoine verroit cet assassinat avec indifférence (Dion,
1. XLIV, § 19; Cicéron, Philipp. II, §. i4).
éteinte ; elle se ranima lorsque le mariage de
celui-ci avec Fulvie, veuve de Clodius et puis
de Curion (i), sembla avoir rendu sa conduite
plus régulière. Cette femme ambitieuse et intri-
gante réveilla dans le cœur de son époux cette
ardeur de dominer, qui, dans l'ame d'Antoine,
trop adonné aux plaisirs, u'avoit été jusqu'à ce
moment qu'une passion secondaire ; elle l'accou-
tuma la première, comme Plularque l'a bien re-
marqué, à se laisser gouverner par uue femme (2).
César et la fortune ne tardèrent pas à ouvrir
une vaste carrière à l'ambition d'Antoine ; Cé-
sar , en lui rendant ses bonnes grâces et en le
nommant son collègue au consulat l'an 710 de
la fondation de Rome , lui donna la première
place de la république après celle qu'il occu-
poit lui-même; et la fortune, en laissant périr
le dictateur victime d'une funeste conspiration
le i5 mars de la même année (3), remit dans
les mains du consul, qui restoit sans collègue,
(1) Voyez Cicéron Philipp. II, §. 5.
(2) Plutarquc, Marais tintouins, §. 10.
(5) Les conjures vouloient immoler Marc-Antoine; Bru-
tus s'y opposa, dans l'intention de faire considérer leur
attentat comme une action tout-à-fait héroïque et sans
mélange d'aucune haine particulière. La noble discrétion
de Marc-Antoine , qui n'avoit pas révélé à César des
discours insensés que quelqu'un des conspirateurs lui avoit
tenus en d'autres occasions , flatta ceux-ci de l'espoir que
Marc-Antoine verroit cet assassinat avec indifférence (Dion,
1. XLIV, § 19; Cicéron, Philipp. II, §. i4).