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581

ont dû remarquer que le poëte latiu a su, avec
un art surprenant, fondre ensemble les deux
poëmes d'Homère, en former un seul tout, y
ajouter, en l'imitant, de nouvelles beautés d'un
ordre supérieur, et que, si le père de tous les
poëtes est pour toujours au-dessus de toutes les
rivalités par l'abondance, la douceur et la no-
blesse de la langue, la grandeur de ses inven-
tions, ainsi que par la majestueuse simplicité de
son plan et de ses caractères, Virgile s'est placé
après lui, en donnant un poërae qui ne languit
jamais, qui est plus varié et plus pathétique que
son modèle, où la rapidité des iécits ne nuit
ni à la vérité des peintures, ni à la force des
expressions passionnées. Formée par les poëtes
de la scène grecque, postérieurs à Homère,
l'ame sensible de Virgile s'est emparée des plus
beaux mouvements de la poësie dramatique (i);
et son esprit et son goût, perfectionnés par l'é-
tude de tout ce qui étoit beau dans les deux
langues, ont enrichi l'Enéide d'une multitude
de réminiscences de ces antiques beautés (2)
qui séduisent l'imagination du lecteur, et ne lui
permettent plus de regretter la naïveté sublime
de l'Iliade et de l'Odyssée.

(1) Maerobi-, Salurn.,- 1. V, c. xvm : Est ingens el cum
trtigœih'arum sùrfptort'bus familiarhas.

(2) C'est à ces réminiscences, ce me semble, que se
rapporte principalement l'epithète doctus ( docte ), que
le même auteur donne li Virgile ( loco citato ), vir uim
anxia doctus.
 
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