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Vitruvius; Perrault, Claude [Übers.]
Les Dix Livres D'Architecture De Vitruve: Corrigez Et Tradvits nouvellement en François, avec des Notes & des Figures — Paris, 1673 [Cicognara, 727]

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https://doi.org/10.11588/diglit.1719#0009
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F RE F A C E
ON peut dire que le destin de l'Architecture, a esté pareil en France, à celuy
quelle a eu autrefois parmy les Romains. Car de mesme que cette nation
belliqueuse, qui dans ses commencemens sembloit n'avoir d'inclination que
pour les Armes Se pour le grand Art de gouverner ks Peuples , devint enfin
îènsible aux charmes de tous les autres Arts : ainsl la France qui durant tant de
sîecles n'a esté posfedée que de Ton humeur guerrière, a fait connoistre en nos
jours que les nobles inclinations de la guerre ne sont pas incompatibles avec les bel-
les dispositions qui font réuiïîr dans les seienecs.
Pendant que les François se sont persuadez que les vertus militaires estoient les
sèulstalens qu'ils pouvoient faire valoir, & que les autres peuples avoient les
scieiices en partage j il ne faut pas s étonner si leurs elprits, quoy que capables des
plus excellentes productions, sont demeurez infertiles : ces peuples accoutumez à
vaincre ont eu de la peine às'apliquer à des chosès dans lesquelles on leur a fait
croire que les étrangers les dévoient toujours surpasser.
Cette opinion s'est d'autant plus aisement insinuée dans leurs esprits, qu'ils sont
naturellement enclins à presumer tout à l'avantage des étrangers,par ce principe
d'humanitéjd'hospitalité & de courtoisie qui les a fait autrefois apeller Xenoma-
nes, c'est à dire admirateurs passionnez du mérite &; des ouvrages des autres Na-
tions. Mais cette défiance de pouvoir reussir dans les beaux Aïts , n'a pas esté la
seule raison qui nous a jusqu'apresènt empêché de nous y adonner: le peu d'esti-
me que l'on en a toujours fait en France, en a détourné presque tout le monde,
&; les courages mesmes les moins relevez n'ont -pu se resoudre, à embrasTer une
profesïïon si peu considerée; o£ ceux que la naissance ou unepuissante inclina-
tion y avoit engagez, ont passé leur vie hors du commerce des honnestes gens,
dans Tobscurité ou la hontedelabassèssèdc leur condition les a retenus.
. Or ce n'est point seulement l'honneur qui nourrit les Arts 5 la convention avec
les honnestes gens est aussi une chosè dont ils ne peuvent sepasierrlesens exquis
dont on a besoin, pour régler les belles connoissances, se forme rarement par-
my le menu peuple^ il y a mille choies que l'on n'apprend point dans la condition
d'un simplc Anisanny mesme dans[les Echoles, &C qui sont néanmoins absolu-,
ment necessaires pour parvenir au dernier degré d'excellence, où les beaux Arts
peuvent atteindre. , .
Cette fierté que la nature a misè dans.les elprits qui se sèntent capables de quelque
chose d'excellent, &: qui leur fait dédaigner les emplois qui ne sont pas les plus
sstimez, pasta autrefois à un tel excez parmy les Romain*, queplusieurs d'entr'eux
aimèrent mieux se faire mourir que de travailler à des Bastimens dont la structure
n'a voit rien d'assez beau pour rendre leur nom recommandable : au lieu que quand
la belle Architecture commença à estre honorée parmy eux , ils s'y employèrent
avec tant d'ardeur , qu'en moins de quarante ans elle parvint à sa plus haute
perfection.
Pour cela il ne falut point aller chercher des Maistres en Grèce ; il s'en trouva
plusieurs à Rome capables des plus grands desseins & des exécutions les plus
hardies: un grand nombre de sçavans personnages comme Fussitius , Varron ,
Septimius, & Celsus écrivirent plusieurs excellens volumes d'Architecture. Les
Çrecs mesmes se servirent en ce temps-là d'Architectes Romains 5 &: lorsque le
Roy Antiochus fit achever le Temple de Jupiter Olimpien dans la Ville d'Athe-
 
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