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Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Oth.]; Haas, Wilhelm [Oth.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Second = Theatre, Tome II): Theatre — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen. Avec des caractères de G. Haas, 1784 [VD18 90793250]

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https://doi.org/10.11588/diglit.49736#0018
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6 EPITRE D ED IC AT 0 IRE
Que Meilleurs les poè’tes anglais ne s’imaginent
pas que je veuille leur donner Zaïre pour modèle :
je leur prêche la simplicité naturelle , et la douceur
des vers ; mais je ne me fais point du tout le Saint
de mon sermon. Si Zaïre a eu quelque succès, je le
dois beaucoup moins à la bonté de mon ouvrage,
qu’à la prudence que j’ai eue de parler d’amour le
plus tendrement qu’il m’a été possible. J’ai ssatté en
cela le goût de mon auditoire : on est assez sùr de
réussir, quand on parle aux pallions des gens plus
qu’à leur raison. On veut de l’amour , quelque bon
Chrétien que l’on soit; et je suis très-persuadé que
bien en prit au grand Corneille de ne s’être pas
borné , dans son Polieucte, à faire caster les statues
de Jupiter par les néophytes ; car telle est la
corruption du genre humain, que peut-être
De Polieucte la belle ame
Aurait faiblement attendri,
Et les vers chrétiens qu’il déclame
Seraient tombé dans le décri,
N’eût été l’amour de sa femme
Pour ce païen son favori,
Qui méritait bien mieux sa ssamme
Que son bon dévot de mari.

Même aventure à-peu-près est arrivée à Zaïre. T ous
ceux qui vont aux spectacles m’ont assuré que ,
si elle n’avait été que convertie, elle aurait peu
intéressé ; mais elle est amoureuse de la meilleure
foi du monde, et voilà ce qui a fait sa fortune.
 
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