SUR ZAÏRE. 35
de ce corps expirant. Ah! que vois-je! ah! ma
sœur! barbare, qu’as-tu fait ? Ace mot de
sœur, Orofmane est comme un homme qui revient
d’un songe funeste ; il connaît sou erreur ; il voit
ce qu’il a perdu ; il s’est trop abymé dans l’horreur
de sou état pour se plaindre. Nérejlan et Fatime
lui parlent ; mais, de tout ce qu’ils disent, il n’entend
autre chose sinon qu’il était aimé. Il prononce
le nom de Zaïre , il court à elle ; on l’arrête, il
retombe dans l’engourdissement de son désespoir.
Qu’ordonnes - tu de moi , lui dit Nérejlan ? Le
soudan , après un long silence , fait ôter les fers
à Nérejlan, le comble de largesses , lui et tous les
chrétiens , et se tue auprès de Zaïre.
Voilà , IVIonsieur , le plan exact de la conduite
de cette tragédie que j’expose avec toutes ses fautes.
Je suis bien loin de m’énorgueillir dusuccès passager
de quelques représentations. Qui ne connaît l’illusion
du théâtre ? qui ne sait qu’une situation intéressante ,
mais triviale , une nouveauté brillante et hasardée ,
la seule voix d’une actrice , suffisent pour tromper
quelque temps le public ? Quelle distance immense
entre un ouvrage souffert au théâtre et un bon
ouvrage ! j’en seus malheureusement toute la
différence. Je vois combien il est difficile de réussir
au gré des connailseurs. Je ne suis pas plus
indulgent qu’eux pour moi - même , et st j’ose
travailler , c’est que mon goût extrême pour cet
art l’emporte encore sur la connailsance que j’ai de
mon peu de talent.
C a
de ce corps expirant. Ah! que vois-je! ah! ma
sœur! barbare, qu’as-tu fait ? Ace mot de
sœur, Orofmane est comme un homme qui revient
d’un songe funeste ; il connaît sou erreur ; il voit
ce qu’il a perdu ; il s’est trop abymé dans l’horreur
de sou état pour se plaindre. Nérejlan et Fatime
lui parlent ; mais, de tout ce qu’ils disent, il n’entend
autre chose sinon qu’il était aimé. Il prononce
le nom de Zaïre , il court à elle ; on l’arrête, il
retombe dans l’engourdissement de son désespoir.
Qu’ordonnes - tu de moi , lui dit Nérejlan ? Le
soudan , après un long silence , fait ôter les fers
à Nérejlan, le comble de largesses , lui et tous les
chrétiens , et se tue auprès de Zaïre.
Voilà , IVIonsieur , le plan exact de la conduite
de cette tragédie que j’expose avec toutes ses fautes.
Je suis bien loin de m’énorgueillir dusuccès passager
de quelques représentations. Qui ne connaît l’illusion
du théâtre ? qui ne sait qu’une situation intéressante ,
mais triviale , une nouveauté brillante et hasardée ,
la seule voix d’une actrice , suffisent pour tromper
quelque temps le public ? Quelle distance immense
entre un ouvrage souffert au théâtre et un bon
ouvrage ! j’en seus malheureusement toute la
différence. Je vois combien il est difficile de réussir
au gré des connailseurs. Je ne suis pas plus
indulgent qu’eux pour moi - même , et st j’ose
travailler , c’est que mon goût extrême pour cet
art l’emporte encore sur la connailsance que j’ai de
mon peu de talent.
C a