ZAÏRE.
60
Mais à revoir Paris je ne dois plus prétendre :
Vous voyez qu’au tombeau je suis prêt à descendre :
Je vais au Roi des rois demander aujourd’hui
Le prix de tous les maux que j’ai sousserts pour lui.
Vous, généreux témoins de mon heure dernière,
Tandis qu’il en est temps, écoutez ma prière:
Nérestan , Chatillon,' et vous.... de qui les pleurs
Dans ces momens si chers honorent mes malheurs,
Madame , ayez pitié du plus malheureux père ,
Qui jamais ait du ciel éprouvé la colère ,
Qui répand devant vous des larmes que le temps
Ne peut encor tarir dans mes yeux expirans.
Une fille , trois fils , ma superbe espérance,
Me furent arrachés dès leur plus tendre enfance :
O mon cher Chatillon, tu dois t’en souvenir.
CHATILLON.
De vos malheurs encor vous me voyez frémit.
LUSIGNAN.
Prisonnier avec moi dans Césarée en ssamme ,
Tes yeux virent périr mes deux fils et ma femme.
CHATILLON.
Mon bras chargé de fers ne les put secourir.
LUSIGNAN.
Hélas ! et j’étais père , et je ne pus mourir !
Veillez du haut des cieux , chers enfans que j’implore
Sur mes autres enfans , s’ils sont vivans encore.
Mon dernier fils , ma fille, aux chaînes réservés,
Par de barbares mains pour servir conservés ,
Loin d’un père accablé , furent portés ensemble
Dans ce même sérail où le ciel nous rassemble.
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Mais à revoir Paris je ne dois plus prétendre :
Vous voyez qu’au tombeau je suis prêt à descendre :
Je vais au Roi des rois demander aujourd’hui
Le prix de tous les maux que j’ai sousserts pour lui.
Vous, généreux témoins de mon heure dernière,
Tandis qu’il en est temps, écoutez ma prière:
Nérestan , Chatillon,' et vous.... de qui les pleurs
Dans ces momens si chers honorent mes malheurs,
Madame , ayez pitié du plus malheureux père ,
Qui jamais ait du ciel éprouvé la colère ,
Qui répand devant vous des larmes que le temps
Ne peut encor tarir dans mes yeux expirans.
Une fille , trois fils , ma superbe espérance,
Me furent arrachés dès leur plus tendre enfance :
O mon cher Chatillon, tu dois t’en souvenir.
CHATILLON.
De vos malheurs encor vous me voyez frémit.
LUSIGNAN.
Prisonnier avec moi dans Césarée en ssamme ,
Tes yeux virent périr mes deux fils et ma femme.
CHATILLON.
Mon bras chargé de fers ne les put secourir.
LUSIGNAN.
Hélas ! et j’étais père , et je ne pus mourir !
Veillez du haut des cieux , chers enfans que j’implore
Sur mes autres enfans , s’ils sont vivans encore.
Mon dernier fils , ma fille, aux chaînes réservés,
Par de barbares mains pour servir conservés ,
Loin d’un père accablé , furent portés ensemble
Dans ce même sérail où le ciel nous rassemble.