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Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Quatrieme = Theatre, Tome IV): Theatre — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen. Avec des caractères de G. Haas, 1784 [VD18 90793277]

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https://doi.org/10.11588/diglit.49739#0362
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350

NOTES.

leurs enfans pour sauver ceux de leurs rois ; et l’on fut étonné d’entendre
dans l’Orphelin le cri de la nature. Zamti ne devait pas sacrifier son fils
pour le fils de l’empereur. Un particulier, une nation même, n’a pas le
droit de livrer un innocent à la mort pour des vues d’utilité politique.
Mais Zamti, en immolant son fils unique , fesait à ce qu’il regardait
comme son devoir, le lU?rJficé le plus grand qu’un homme puisse faire.
En sacrifiant un étranger, il t eût été qu’odieux ; en sacrifiant son fils, il
est intéressant, quoiqu’injuste.
( $ ) On peut comparer cette situation à celle de Clytemrtestre. Observons
que dans Iphigénie, un père égorge sa fille pour faire changer le vent,
qu’aucun personnage dans la pièce re s’élève contre cet absurde fanatisme;
que Clytemneftre trouve qu’il serait plus naturel d’immoler la fille à'Hélène,
puisqu’enfin c’est Hélene qui est coupable; tant les idées superstitieuses,
qu’on a reçues dans l’enfance, familiarisent les hommes avec les principes
les plus absurdes , non-seulement des superstitions régnantes , mais même
des superstitions qui n’existent plus.
( 6) On a pendant quelque temps retranché ces huit vers. La police
de Paris ne voulait pas que Gengis apprît aux Parisiens qu’il lui était utile
de laisser aux Chinois certaines erreurs qui entraînaient leur docilité.
(7) On peut comparer cette situation de Gengis à celle d’Augufte, et
ces vers de l’Orphelin à ceux-ci de Cinna:
Et comme notre esprit jusqu’au dernier soupir
Toujours vers quelqu’objet pousse quelque désir.
Il se ramène en soi n’ayant plus où se prendre ;
Et monté sur le faîte, il aspire à deseendre.
Rien ne forme plus le goût, comme le remarque M. de Voltaire, que
ces comparaisons, lorsque surtout deux hommes d’un génie égal, mais
très-différent, ont à exprimer un même fond d’idées, dans des circonstances,
et avec des accessoires qui ne sont pas les mêmes. Ici l’un peint un tyran,
et la satiété d’une ame épuisée par des passions violentes ; et l’autre peint
un conquérant, et le vide d’un cœur qui a conservé sa sensibilité et son
énergie.
(8) Egée dit à Eglé, dans l’opéra de Thésée :
C’est peut-être un peu tard m’offrir à vos beaux yeux:
Je ne suis plus au temps de l’aimable jeunesse ;
Mais je suis roi, belle Princesse ,
Et roi victorieux.
C9) Dans les premières éditions on lisait:
Passe sur mon tombeau dans les bras du barbare.
Fin des Notes.
 
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