ACTE PREMIER. 105
A L B I N E.
Octave vous aima: (c) se peut-il qu’au jourd’hui
Vos malheurs, vos affronts ne viennent que de lui?
F U L V I E.
Qui peut connaître Octave? et que son caractère
Est différent en tout du grand cœur de son père !
Je l’ai vu dans l’erreur de ses égaremens,
Passer Antoine même en ses emportemens ; (<?)
Je l’ai vu des plaisirs chercher la folle ivresse,
Je l’ai vu des Catons affecter la sagesse.
Après m’avoir offert un criminel amour,
Ce Protée à ma chaîne échappa sans retour.
Tantôt il est affable, et tantôt sanguinaire.
Il adore Julie, il a proscrit son père;
11 hait, il craint Antoine, et lui donne sa sœur ;
Antoine est forcené, mais Octave est trompeur.
Ce sont-là les héros qui gouvernent la terre;
Ils font en se jouant et la paix et la guerre;
Du sein des voluptés ils nous donnent des fers.
A quels maîtres, grands Dieux! livrez-vous l’univers?
Albine, les lions, au sortir des carnages,
Suivent en rugissant leurs compagnes sauvages;
Les tigres font l’amour avec férocité;
Tels sont nos Triumvirs. Antoine ensanglanté
Prépare de l’hymen la détestable fête.
Octave a de Julie entrepris la conquête;
Et dans ce jour de sang, de tristesse et d’horreur,
L’amour de tous côtés se mêle à la fureur.
Julie abhorre Octave; elle n’est occupée
Que de livrer son cœur au fils du grand Pompée.
Si Pompée est écrit sur ce livre fatal,
Octave en l’immolant frappe en lui son rival.
A L B I N E.
Octave vous aima: (c) se peut-il qu’au jourd’hui
Vos malheurs, vos affronts ne viennent que de lui?
F U L V I E.
Qui peut connaître Octave? et que son caractère
Est différent en tout du grand cœur de son père !
Je l’ai vu dans l’erreur de ses égaremens,
Passer Antoine même en ses emportemens ; (<?)
Je l’ai vu des plaisirs chercher la folle ivresse,
Je l’ai vu des Catons affecter la sagesse.
Après m’avoir offert un criminel amour,
Ce Protée à ma chaîne échappa sans retour.
Tantôt il est affable, et tantôt sanguinaire.
Il adore Julie, il a proscrit son père;
11 hait, il craint Antoine, et lui donne sa sœur ;
Antoine est forcené, mais Octave est trompeur.
Ce sont-là les héros qui gouvernent la terre;
Ils font en se jouant et la paix et la guerre;
Du sein des voluptés ils nous donnent des fers.
A quels maîtres, grands Dieux! livrez-vous l’univers?
Albine, les lions, au sortir des carnages,
Suivent en rugissant leurs compagnes sauvages;
Les tigres font l’amour avec férocité;
Tels sont nos Triumvirs. Antoine ensanglanté
Prépare de l’hymen la détestable fête.
Octave a de Julie entrepris la conquête;
Et dans ce jour de sang, de tristesse et d’horreur,
L’amour de tous côtés se mêle à la fureur.
Julie abhorre Octave; elle n’est occupée
Que de livrer son cœur au fils du grand Pompée.
Si Pompée est écrit sur ce livre fatal,
Octave en l’immolant frappe en lui son rival.