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LES LOIS DE MINOS.
D I C T I M E.
J’oserais proposer, dans ces extrémités,
De vous faire un. appui des mêmes révoltés,
Des mêmes habitans de l’âpre Cydonie,
Dont nous pourrions guider l’impétueux génie.
Fiers ennemis d’un joug qu’ils ne peuvent subir,
Mais amis généreux, ils pourraient nous servir.
Il en est un surtout, dont l’ame noble et hère
Connaît l’humanité dans son audace altière:
Il a pris sur les liens, égaux par la valeur,
Ce secret ascendant que se donne un grand cœur:
Et peu de nos Crétois ont connu l’avantage
D’atteindre à sa vertu , quoique dure et sauvage.
Si de pareils soldats pouvaient marcher sous vous,
On verrait tous ces grands st puissans, si jaloux
De votre autorité qu’ils osent méconnaître ,
Porter le joug paisible , et chérir un bon maître.
Nous voulions asservir des peuples généreux ;
Fesons mieux, gagnons-les; c’est-là régner sur eux.
T e u c e R.
Je le sais. Ce projet peut sans doute être utile;
Mais il ouvre la porte à la guerre civile.
A ce remède affreux faut-il m’abandonner?
Faut-il perdre l’Etat pour le mieux gouverner?
Je veux sauver les jours d’une jeune barbare.
Du sang des citoyens serai - je moins avare ?
Il le faut avouer: je suis bien malheureux!
N’ai-je donc des sujets que pour m'armer contr’eux ?
Pilote environné d’un éternel orage ,
Ne pourrai-je obtenir qu’un illustre naufrage?
Ah!
LES LOIS DE MINOS.
D I C T I M E.
J’oserais proposer, dans ces extrémités,
De vous faire un. appui des mêmes révoltés,
Des mêmes habitans de l’âpre Cydonie,
Dont nous pourrions guider l’impétueux génie.
Fiers ennemis d’un joug qu’ils ne peuvent subir,
Mais amis généreux, ils pourraient nous servir.
Il en est un surtout, dont l’ame noble et hère
Connaît l’humanité dans son audace altière:
Il a pris sur les liens, égaux par la valeur,
Ce secret ascendant que se donne un grand cœur:
Et peu de nos Crétois ont connu l’avantage
D’atteindre à sa vertu , quoique dure et sauvage.
Si de pareils soldats pouvaient marcher sous vous,
On verrait tous ces grands st puissans, si jaloux
De votre autorité qu’ils osent méconnaître ,
Porter le joug paisible , et chérir un bon maître.
Nous voulions asservir des peuples généreux ;
Fesons mieux, gagnons-les; c’est-là régner sur eux.
T e u c e R.
Je le sais. Ce projet peut sans doute être utile;
Mais il ouvre la porte à la guerre civile.
A ce remède affreux faut-il m’abandonner?
Faut-il perdre l’Etat pour le mieux gouverner?
Je veux sauver les jours d’une jeune barbare.
Du sang des citoyens serai - je moins avare ?
Il le faut avouer: je suis bien malheureux!
N’ai-je donc des sujets que pour m'armer contr’eux ?
Pilote environné d’un éternel orage ,
Ne pourrai-je obtenir qu’un illustre naufrage?
Ah!