253 LETTRE
supériorité; et ce livre est écrit avec la sorte d’en-
thousiasme que la nation anglaise retrouve dans
quelques beaux morceaux de Shakefpeare échappés
à la grossièreté de son siècle. Elle met Shakefpeare
au-desfus de tout, en faveur de ces morceaux qui
sont en effet naturels et énergiques , quoique
défigurés presque toujours par une familiarité basse.
Niais est-il permis de préférer deux vers $ Enniusa
tout Virgile , ou de Lycophron à tout Homère ?
On areprésenté, Meilleurs, les chefs-d’œuvre
de la France devant toutes les cours, et clans les
académies d’Italie. On les joue depuis les rivages
de la mer glaciale jusqu’à la mer qui sépare l’Europe
de l’Asrique. Qu’on fasse le même honneur à une
seule pièce de Shakefpeare, et alors nous pourrons
disputer.
Qu’un chinois vienne nous dire : ,,Nos tragédies
,, composées sous la dinastie des Tven font encore
,, nos délices après cinq cents années. Nous avons
,, sur le théâtre des scènes en prose , d'autres en
,, vers rimés , d’autres en vers non rimés. Les
,, diseours de politique et les grands sentimens y
,, sont interrompus par des chansons , comme dans
,, votre Athalie. Nous avons de plus des sorciers
,, qui deseendent des airs sur un manche à balai, des
,, vendeurs d’orviétan et des gilles , qui, au milieu
,, d’un entretien sérieux, viennent faire leurs
,, grimaces de peur que vous ne preniez à la pièce
,, un intérêt trop tendre qui pourrait vous attrister.
,, Nous fesons paraître des savetiers avec des manda-
,, rins et des fossbyeurs avec des princes,pour rappeler
supériorité; et ce livre est écrit avec la sorte d’en-
thousiasme que la nation anglaise retrouve dans
quelques beaux morceaux de Shakefpeare échappés
à la grossièreté de son siècle. Elle met Shakefpeare
au-desfus de tout, en faveur de ces morceaux qui
sont en effet naturels et énergiques , quoique
défigurés presque toujours par une familiarité basse.
Niais est-il permis de préférer deux vers $ Enniusa
tout Virgile , ou de Lycophron à tout Homère ?
On areprésenté, Meilleurs, les chefs-d’œuvre
de la France devant toutes les cours, et clans les
académies d’Italie. On les joue depuis les rivages
de la mer glaciale jusqu’à la mer qui sépare l’Europe
de l’Asrique. Qu’on fasse le même honneur à une
seule pièce de Shakefpeare, et alors nous pourrons
disputer.
Qu’un chinois vienne nous dire : ,,Nos tragédies
,, composées sous la dinastie des Tven font encore
,, nos délices après cinq cents années. Nous avons
,, sur le théâtre des scènes en prose , d'autres en
,, vers rimés , d’autres en vers non rimés. Les
,, diseours de politique et les grands sentimens y
,, sont interrompus par des chansons , comme dans
,, votre Athalie. Nous avons de plus des sorciers
,, qui deseendent des airs sur un manche à balai, des
,, vendeurs d’orviétan et des gilles , qui, au milieu
,, d’un entretien sérieux, viennent faire leurs
,, grimaces de peur que vous ne preniez à la pièce
,, un intérêt trop tendre qui pourrait vous attrister.
,, Nous fesons paraître des savetiers avec des manda-
,, rins et des fossbyeurs avec des princes,pour rappeler