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CHANT TROISIEME. 83
Je vis nos ennemis vaincus et renversés,
Sous nos coups expirans, devant nous dispersés ;
A regret dans leur sein j’enfonçais cette épée,
Qui du sang espagnol eût été mieux trempée.
Il le faut avouer, parmi ces courtisans
Que moissonna le fer en la sseur de leurs ans.
Aucun ne fut percé que de coups honorables :
Tous fermes dans leur poste et tous inébranlables.
Ils voyaient devant eux avancer le trépas ,
Sans détourner les yeux , sans reculer d’un pas.
Des courtisans français tel est le caractère :
La paix n’amollit point leur valeur ordinaire ;
De l’ombre du repos ils volent aux hasards ;
Vils ssatteurs à la cour, héros aux champs de Mars.
Pour moi dans les horreurs d’une mêlée affreuse,
J’ordonnais, mais en vain, qu’on épargnât Joyeuse ;
Je l’aperçus bientôt porté par des soldats,
Pâle et déjà couvert des ombres du trépas.
Telle une tendre sseur qu’un matin voit éclore
Des baisers du zéphyre et des pleurs de l’aurore,
Brille un moment aux yeux et tombe avant le temps
Sous le tranchant du fer ou sous l’effort des vents.
Mais pourquoi rappeler cette triste victoire?
Que ne puis-je plutôt ravir à la mémoire
Les cruels monumens de ces affreux succès ! (g)
Mon bras n’est: encor teint que du sang des Français ;
Ma grandeur , à ce prix, n’a point pour moi de charmes ,
Et mes lauriers sanglans sont baignés de mes larmes.
 
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