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https://doi.org/10.11588/diglit.49758#0212
confrérie de la mort, soit pour la mort d’un de Tes mignons , soit pour celle
de la princesse de Condé sa maîtresse : les capucins et les minimes étaient
les directeurs des confrères, parmi lesquels il admit quelques bourgeois
de Paris; ces confrères étaient vêtus d’une robe d’étamine noire avec un
capuchon. Dans une autre confrérie toute contraire, qui était celle des
pénitens blancs, il n’admit que ses courtisans. Il était persuadé, aussr-bien
que certains théologiens de son temps , que ces momeries expiaient les
péchés d’habitude : on tient que les statuts de ces confrères, leurs habits,
leurs règles, étaient des emblèmes de ses amours, et que le poëte
Defportes, abbé de Tyron, l’un des plus fins courtisans de ce temps-là,
les avait expliqués dans un livre qu’il jeta depuis au feu.
Henri III vivait d’ailleurs dans la mollesse et dans l’afféterie d’une femme
coquette ; il couchait avec des gants d’une peau particulière pour conserver
la beauté de ses mains , qu’il avait essectivement plus belles que toutes les
femmes de sa cour ; il mettait sur son visage une pâte préparée et une espèce
de masque par dessus : c’est ainsi qu’en parle le livre des Hermaphrodites ,
qui circonstancie les moindres détails sur son coucher, sur son lever et sur
ses habillemens. Il avait une exactitude scrupuleuse sur la propreté dans la
parure: il était si attaché à ces petitesses qu’il chassa un jour le duc
d’Efpernon de saprésence, parce qu’il s’était présenté devant lui sans
esearpins blancs et avec un habit mal boutonné.
Quitus fut tué en duel le 27 avril 1578.
Louis de Maugiron, baron d’Ampus , était l’un des mignons pour qui
Henri III eut le plus de faiblesse : c’était un jeune homme d’un grand
courage et d’une grande espérance. Il avait fait de fort belles actions au
liège d’Issoire, où il avait eu le malheur de perdre un œil. Cette disgrace
lui laissait encore assez de charmes pour être insiniment du goût du roi ;
on le comparait à la princesse d'Eboli , qui , étant borgne comme lui ,
était dans le même temps maîtresse de Philippe 11, roi d’Espagne. On
dit que ce fut pour cette princesse et pour Maugiron , qu’un italien fit
ces quatre beaux vers renouvelés depuis :
Lumine Acon dextro, capta esi Leonida finiftro ,
Et poterat forma vincere uterque Deos -,
Parve puer , lumen quod habes concédé puella ,
Sic tu coecus Amor , fie erit ilia Venus.
Maugiron , fut tué en servant Quélus dans sa querelle.
P aul Stuard de Causade de Saint-Maigrin, gentilhomme d’auprès de Bor-
deaux, fut aimé de Henri III autant que Quélus et Maugiron , et mourut
d’une manière aussi tragique ; il fut assaffîné le 21 juillet de la même année,
dans la rue St. Honoré, sur les onze heures du soir, en revenant du louvre.
Il fut porté à ce même hôtel de Boissy , où étaient morts ses deux amis ;
etil y mourut le lendemain de trente-quatre blessurês qu’il avait reçues la
de la princesse de Condé sa maîtresse : les capucins et les minimes étaient
les directeurs des confrères, parmi lesquels il admit quelques bourgeois
de Paris; ces confrères étaient vêtus d’une robe d’étamine noire avec un
capuchon. Dans une autre confrérie toute contraire, qui était celle des
pénitens blancs, il n’admit que ses courtisans. Il était persuadé, aussr-bien
que certains théologiens de son temps , que ces momeries expiaient les
péchés d’habitude : on tient que les statuts de ces confrères, leurs habits,
leurs règles, étaient des emblèmes de ses amours, et que le poëte
Defportes, abbé de Tyron, l’un des plus fins courtisans de ce temps-là,
les avait expliqués dans un livre qu’il jeta depuis au feu.
Henri III vivait d’ailleurs dans la mollesse et dans l’afféterie d’une femme
coquette ; il couchait avec des gants d’une peau particulière pour conserver
la beauté de ses mains , qu’il avait essectivement plus belles que toutes les
femmes de sa cour ; il mettait sur son visage une pâte préparée et une espèce
de masque par dessus : c’est ainsi qu’en parle le livre des Hermaphrodites ,
qui circonstancie les moindres détails sur son coucher, sur son lever et sur
ses habillemens. Il avait une exactitude scrupuleuse sur la propreté dans la
parure: il était si attaché à ces petitesses qu’il chassa un jour le duc
d’Efpernon de saprésence, parce qu’il s’était présenté devant lui sans
esearpins blancs et avec un habit mal boutonné.
Quitus fut tué en duel le 27 avril 1578.
Louis de Maugiron, baron d’Ampus , était l’un des mignons pour qui
Henri III eut le plus de faiblesse : c’était un jeune homme d’un grand
courage et d’une grande espérance. Il avait fait de fort belles actions au
liège d’Issoire, où il avait eu le malheur de perdre un œil. Cette disgrace
lui laissait encore assez de charmes pour être insiniment du goût du roi ;
on le comparait à la princesse d'Eboli , qui , étant borgne comme lui ,
était dans le même temps maîtresse de Philippe 11, roi d’Espagne. On
dit que ce fut pour cette princesse et pour Maugiron , qu’un italien fit
ces quatre beaux vers renouvelés depuis :
Lumine Acon dextro, capta esi Leonida finiftro ,
Et poterat forma vincere uterque Deos -,
Parve puer , lumen quod habes concédé puella ,
Sic tu coecus Amor , fie erit ilia Venus.
Maugiron , fut tué en servant Quélus dans sa querelle.
P aul Stuard de Causade de Saint-Maigrin, gentilhomme d’auprès de Bor-
deaux, fut aimé de Henri III autant que Quélus et Maugiron , et mourut
d’une manière aussi tragique ; il fut assaffîné le 21 juillet de la même année,
dans la rue St. Honoré, sur les onze heures du soir, en revenant du louvre.
Il fut porté à ce même hôtel de Boissy , où étaient morts ses deux amis ;
etil y mourut le lendemain de trente-quatre blessurês qu’il avait reçues la