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Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Dixieme): La Henriade: Poeme — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen. Avec des caractères de G. Haas, 1785 [VD18 90793692]

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https://doi.org/10.11588/diglit.49758#0401
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LE TASSE.

393

Telle est la clef que le Tajje ose donner de son
poëme. Il en use en quelque sorte avec lui-même
comme les commentateurs ont fait avec Homère et
avec Virgile. Il se suppose des vues et des desfeins qu’il
n’avait pas probablement quand il fit son poëme ; ou
si par malheur il les a eus , il estbien incompréhen-
sible comment il a pu faire un si bel ouvrage avec des
idées si alambiquées.
Si le diable joue dans son poëme le rôle d’un misé-
rable charlatan , d’un autre côté tout ce qui regarde
la religion yestexposéavecmajesté, etsijel’osedire,
dans l’esprit de la religion. Les processions , les
litanies , et quelques autres détails des pratiques
religieuses sont représentés dans la Jérusalem
délivrée sous une forme respectable. Telle est la force
de la poésie , qui sait ennoblir tout et étendre la-
sphère des moindres choses.
Il a eu l’inadvertance de donner aux mauvais
esprits les noms de Platon et dè Alecton , et d’avoir
confondu les idées païennes avec les idées chré-
tiennes. Il est étrange que la plupart des poëtes
modernes soient tombés dans cette faute. On dirait
que nos diables et notre enfer chrétien auraient
quelque chose de bas et de ridicule , qui deman-
derait d être ennobli par l’idée de l’enfer païen. Il est
vrai que Platon , Proferpine, Rhadamanthe, Tifîphone y
sont des noms plus agréables que Belzébut ztAJlaroth;
nous rions du mot de diable, nous respectons celui
de furie. Voilà ce’ que c’est que d’avoir le mérite de
l’antiquité ; il n’y a pas jusqu’à l’enfer qui n’y gagne.
 
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