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Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Treizieme): Epitres — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen. Avec des caractères de G. Haas, 1785 [VD18 90793730]

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https://doi.org/10.11588/diglit.49760#0017
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A M. l’abbé servien. S>
Voluptueux avec délicatesse,
Dans tes plaisirs respecter la sagesse.
Par les deslins aujourd’hui maltraité ,
Dans la sagesse aime la volupté.
D’un esprit sain, d’un cœur toujours tranquille
Attends qu’un jour, de ton noir domicile
On te rappelle au séjour bienheureux.
Que les Plaisirs, les Grâces et les Jeux,
Quand, dans Paris, ils te verront paraître,
Puissent sans peine encor te reconnaître.
Sois tel alors que tu fus autrefois ;
Et cependant que Sulli quelquefois
Dans ton château vienne par sa présence,
Contre le sort affermir ta consiance.
Rien n’est plus doux , après la liberté,
Qu’un tel ami dans la captivité.
Il est connu chez le Dieu du Permesse :
Grand sans fierté, simple et doux sans basTesse,
Peu courtisan, partant homme de foi,
Et digne enfin d’un oncle tel que toi. (i)
(l) L’abbé Servien ne fut jamais mêlé dans aucune affaire d’Etat
ou d’Eglise : c’était un homme deplaisir; et vraisemblablement quelque
aventure un peu trop bruyante avait été la cause de sa prison. La fin du
règne de Louis XIV est une des époques où la licence des mœurs s’eft
montrée avec le plus de liberté. Le mépris et l’indignation qu’excitait
l’hypocrisie de la cour fesaient presque regarder cette licence comme
une marque ~jje noblesse d’ame et de courage.
Cette épître est précieuse : on y voit que, dès l’âge de vingt ans , M. de
Voltaire avait déjà une philosophie douce, vraie et sans exagération,
telle qu’on la retrouve dans tous ses ouvrages. On y voit ausïï que l’on
parlait encore de Fouquet avec éloge : la haine pour son persécuteur
Colbert n’était pas éteinte ; ce ne fut que sous le gouvernement du
cardinal de Fleuri qu’on s’avisa de le croire un grand homme.
L’abbé Seryien mourut en I71C.
 
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