E P I T R E
Je l’ai vu couvert de lauriers ;
Car les héros les plus insignes
Se bissent voir très-volontiers
A nous , feseurs de vers indignes.
Il ne traînait point après lui
L’or et l’argent de cent provinces,
Superbe et tyrannique appui
De la vanité des grands princes;
Point de ces escadrons nombreux,
De tambours et de hallebardes ;
Point de capitaine des gardes,
Ni de courtisans ennuyeux.
Quelques lauriers sur sa personne,
Deux brins de myrte dans ses mains
Etaient ses atours les plus vains ;
Et de v quelques grains
Composaient toute sa couronne.
Je sais que vous avez l’honneur,
Me dit-il, d’être des orgies
De certain aimable prieur,
Dont les chansons sont si jolies ,
Que Marot les retient par cœur,
Et que l’on m’en fait des copies.
Je suis bien aise, en vérité,
De cette honorable accointance ;
Car avec lui, sans vanité,
J’ai quelque peu de ressemblance.
Ainsi que moi, Minerve et Mars
L’ont cultivé dès son enfance ;
Il aime comme moi les arts
Et les beaux vers par préférence >
Il sait de la dévote engeance