A MADAME DENIS.
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Et pour Judith, Pirame et Régulus,
Abandonner Phèdre et Britannicus ;
Lui, qui dix ans proscrivit Athalie ,
Qui, protecteur d’une scène avilie x
Frappant des mains, bat à tort à travers
Au mauvais sens qui huile en mauvais vers,
Mais il revient, il répare sa honte:
Le temps l’éclaire : oui, mais la mort plus prompte
Ferme mes yeux dans ce siècle pervers,
En attendant que les siens soient ouverts.
Chez nos neveux on me rendra justice ;
î\Iais moi vivant il faut que je jouisse.
Quand dans la tombe un pauvre homme est inclus,
Qu’importe un bruit, un nom qu’on n’entend plus ?
L’ombre de Pope avec les rois repose ;
Un peuple entier fait son apothéose ,
Et son nom vole à l’immortalité;
Quand il vivait il fut persécuté.
Ah! cachons - nous ; passons avec les sages
Le soir serein d’un jour mêlé d’orages;
Et dérobons à l’œil de l’envieux
Le peu de temps que me lailïent les dieux.
Tendre amitié, don du ciel, beauté pure,
Porte un jour doux dans ma retraite obscure,
Puilse-je vivre et mourir dans tes bras,
Loin du méchant qui ne te connaît pas,
Loin du bigot dont la peur dangereuse
Corrompt la vie et rend la mort assreuse’
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Et pour Judith, Pirame et Régulus,
Abandonner Phèdre et Britannicus ;
Lui, qui dix ans proscrivit Athalie ,
Qui, protecteur d’une scène avilie x
Frappant des mains, bat à tort à travers
Au mauvais sens qui huile en mauvais vers,
Mais il revient, il répare sa honte:
Le temps l’éclaire : oui, mais la mort plus prompte
Ferme mes yeux dans ce siècle pervers,
En attendant que les siens soient ouverts.
Chez nos neveux on me rendra justice ;
î\Iais moi vivant il faut que je jouisse.
Quand dans la tombe un pauvre homme est inclus,
Qu’importe un bruit, un nom qu’on n’entend plus ?
L’ombre de Pope avec les rois repose ;
Un peuple entier fait son apothéose ,
Et son nom vole à l’immortalité;
Quand il vivait il fut persécuté.
Ah! cachons - nous ; passons avec les sages
Le soir serein d’un jour mêlé d’orages;
Et dérobons à l’œil de l’envieux
Le peu de temps que me lailïent les dieux.
Tendre amitié, don du ciel, beauté pure,
Porte un jour doux dans ma retraite obscure,
Puilse-je vivre et mourir dans tes bras,
Loin du méchant qui ne te connaît pas,
Loin du bigot dont la peur dangereuse
Corrompt la vie et rend la mort assreuse’