A M. DE SAINT-LAMBERT. 213
E P I T R E X C I I L
A M. D E SAINT-LAMBERT.
1 7 6 9.
Chantre des vrais pîaiËrs, harmonieux émule
Du pasteur de Mantoue et du tendre Tibulle ,
Qui peignez la nature et qui l’embellissez ,
Que vos Saisons m’ont plu ! que mes sens émoulïés
A votre aimable voix se Sentirent renaître !
Que j’aime, en vous lisant, ma retraite champêtre !
Je fais depuis quinze ans tout ce que vous chantez,
Dans ces champs malheureux si long-temps désertés,
Sur les pas du travail j’ai conduit l’abondance;
J’ai fait sseurir la paix , et régner l’innocence.
Ces vignobles, ces bois, ma main les a plantés :
Ces granges, ces hameaux déformais habités,
Ces landes, ces marais changés en pâturages,
Ces colons rassemblés, ce sont-là mes ouvrages;
Ouvrages fortunés , dont le succès consiant
De la mode et du goût n’est jamais dépendant:-
Ouvrages plus chéris qu^-’Mérope et Zaïre ,
Et que n’atteindront point les traits de la satire. (<s)
Heureux qui peut chanter les jardins et les bois,
Les charmes de l’amour, l’honneur des grands exploits ;
Et, parcourant des arts la ssatteuse carrière,
Aux mortels aveuglés rendre un peu de lumière!
Mais encor plus heureux qui peut, loin de la cour,
Embellir sagement un champêtre, séjour, .y
O 1
E P I T R E X C I I L
A M. D E SAINT-LAMBERT.
1 7 6 9.
Chantre des vrais pîaiËrs, harmonieux émule
Du pasteur de Mantoue et du tendre Tibulle ,
Qui peignez la nature et qui l’embellissez ,
Que vos Saisons m’ont plu ! que mes sens émoulïés
A votre aimable voix se Sentirent renaître !
Que j’aime, en vous lisant, ma retraite champêtre !
Je fais depuis quinze ans tout ce que vous chantez,
Dans ces champs malheureux si long-temps désertés,
Sur les pas du travail j’ai conduit l’abondance;
J’ai fait sseurir la paix , et régner l’innocence.
Ces vignobles, ces bois, ma main les a plantés :
Ces granges, ces hameaux déformais habités,
Ces landes, ces marais changés en pâturages,
Ces colons rassemblés, ce sont-là mes ouvrages;
Ouvrages fortunés , dont le succès consiant
De la mode et du goût n’est jamais dépendant:-
Ouvrages plus chéris qu^-’Mérope et Zaïre ,
Et que n’atteindront point les traits de la satire. (<s)
Heureux qui peut chanter les jardins et les bois,
Les charmes de l’amour, l’honneur des grands exploits ;
Et, parcourant des arts la ssatteuse carrière,
Aux mortels aveuglés rendre un peu de lumière!
Mais encor plus heureux qui peut, loin de la cour,
Embellir sagement un champêtre, séjour, .y
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