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Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Treizieme): Epitres — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen. Avec des caractères de G. Haas, 1785 [VD18 90793730]

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https://doi.org/10.11588/diglit.49760#0279
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A M. D’ALE MB ER T. 271
Qu’importe que mon nom s’essace dans l’oubli ;
L’esprit, le goût s’épure, et l’art est embelli.
Mais ne pardonnons pas à ces folliculaires,
De libelles affreux écrivains téméraires ,
Aux siances de la Grange, aux couplets de Rousseau , (6)
Que Mégère en courroux tira de son cerveau.
Une pièce écrite ninsi d’un bout à l’autre pourrait-elle réussir ?
Pour comble d’impertinence la pièce finit par ce vers abominable :
Et je jouis ensin du fruit de mes forfaits.
Un tel vers est d’un scélérat ivre. Et remarquez nv'Atrée a ci - devant
regardé la vengeance comme une vertu , dans un autre vers non moins
extravagant : *
Il faut un terme au crime, et non à la vengeance.
Nous avouons que la Sémiramis du même auteur, son Pyrrhus, son
Xerxès , son Catilina , soi) Triumvirat, sont des pièces encore plus mau-
vaises, et que tout cela pouvait bien lui mériter le nom de barbare : mais
nous ne convenons pas que son Electre , et sur-tout son Rhadamiste,
méritent le mépris prosond que Boileau avait pour ces deux tragédies»
Le public a décidé qu’il y a de très-belles choses particulièrement dans
Rhadamiste; et quand le public a décidé constamment pendant soixante
ans , il ne faut pas en appeler. Si les défauts subsistent, les beautés
l’emportent. Boileauînt trop rebuté des défauts. Rhadamistesera toujours
jouée avec un grand succès : et même on verra Electre avec plaisir,
malgré l’amour qui désigure cette pièce. Il y a dans ces deux ouvrages
un fond de tragique qui attache le spectateur.
L’abbé de Chaulieu disait que la pièce de Rhadamiste aurait été très-
claire, n’eût été l’exposition. Mais quoique le premier acte soit un peu
obscur, il me semble qu’il y a dans les autres de très-grandes beautés.
( 6 ) Aux siances de la Grange, aux couplets de Rousseau.
Les philippiques At la Grange et les couplets de Rousseau payèrent allez
long-temps pour être écrits avec force et enthousiasme : mais les esprits
bien saits etles gensde bon goût ne s’y sontjamais lailsés tromper. En effet
ôtez les injures , il ne reste rien. Le succès ne fut dû qu’à la malignité
humaine. Mais quel succès qui conduilitZa Grange en prison , et le portrait
de Rousseau à la grève !
La Grange était le plus coupable des deux, sans contredit: mais le
duc d’Orléans régent eut encore plus de clémence que La Grange n’avait
eu de folie.
 
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