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DE L’INDE.
n’aient eu notre Apollon, que nous représentons
encore sans barbe.
Le récit de toutes ces cérémonies serait auffî
ennuyeux qu’elles nous paraissent ridicules ; et dans
leur aveuglement ils en disent autant des nôtres : mais
il y a chez eux un mystère qui ne doit pas être passé
sous silence : c’est le Matricha Machom. On se donne
par ce mystère un nouvel être, une nouvelle vie.
L’ame est supposée être dans la poitrine , et c’est
en effet le sentiment de presque toute l’antiquité.
Onpassela main, de la poitrine à la tête , en appuyant
sur le nerf qu’on croit aller d’un de ces organes à
l’autre , et l’on conduit ainsi son ame à son cerveau.
Quand on est sùr que son ame est bien montée,
alors le jeune homme s’écrie que son ame et son
corps sont réunis à l’Etre suprême , et dit : je fuis
moi - même une partie de la Divinité.
Cette opinion a été celle des plus respectables
philosophes de la Grèce , de ces Stoïciens qui ont
élevé la nature humaine au-dessus d’elle-même ,
celle des divins Antonins ; et il faut avouer que rien
n’était plus capable d’inspirer de grandes vertus. Se
croire une partie de la Divinité , c’est s’imposer la loi
de ne rien faire qui ne soit digne de DIEU même.
On trouve dans cette loi des Brachmanes dix
commandemens , et ce sont dix péchés à éviter. Ils
sont divisés en trois espèces , les péchés du corps,
ceux de la parole, ceux de la volonté. Frapper,
tuer son prochain , le voler , violer les femmes , ce
sont les péchés du corps ; dissimuler , mentir , injurier,
ce sont les péchés de la parole ; ceux de la volonté
consistent à souhaiter le mal, à regarder le bien des
autres
DE L’INDE.
n’aient eu notre Apollon, que nous représentons
encore sans barbe.
Le récit de toutes ces cérémonies serait auffî
ennuyeux qu’elles nous paraissent ridicules ; et dans
leur aveuglement ils en disent autant des nôtres : mais
il y a chez eux un mystère qui ne doit pas être passé
sous silence : c’est le Matricha Machom. On se donne
par ce mystère un nouvel être, une nouvelle vie.
L’ame est supposée être dans la poitrine , et c’est
en effet le sentiment de presque toute l’antiquité.
Onpassela main, de la poitrine à la tête , en appuyant
sur le nerf qu’on croit aller d’un de ces organes à
l’autre , et l’on conduit ainsi son ame à son cerveau.
Quand on est sùr que son ame est bien montée,
alors le jeune homme s’écrie que son ame et son
corps sont réunis à l’Etre suprême , et dit : je fuis
moi - même une partie de la Divinité.
Cette opinion a été celle des plus respectables
philosophes de la Grèce , de ces Stoïciens qui ont
élevé la nature humaine au-dessus d’elle-même ,
celle des divins Antonins ; et il faut avouer que rien
n’était plus capable d’inspirer de grandes vertus. Se
croire une partie de la Divinité , c’est s’imposer la loi
de ne rien faire qui ne soit digne de DIEU même.
On trouve dans cette loi des Brachmanes dix
commandemens , et ce sont dix péchés à éviter. Ils
sont divisés en trois espèces , les péchés du corps,
ceux de la parole, ceux de la volonté. Frapper,
tuer son prochain , le voler , violer les femmes , ce
sont les péchés du corps ; dissimuler , mentir , injurier,
ce sont les péchés de la parole ; ceux de la volonté
consistent à souhaiter le mal, à regarder le bien des
autres