Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Oth.]; Haas, Wilhelm [Oth.]: Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Seizieme = Essai Sur Les Moeurs Et L'Esprit Des Nations, Tome I): Essai Sur Les Moeurs Et L'Esprit Des Nations (A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen, Avec des caractères de G. Haas, 1785) [VD18 90794079]

2Ô0 de la chine.

Le papier fin et d’un blanc éclatant était fabri-
qué chez les Chinois de temps immémorial ; on en
fesait avec des filets de bois de bambou bouilli. On
ne connaît pas la première époque de la porcelaine ,
et de ce beau vernis qu’on commence à imiter et à
égaler en Europe.
Ils saverit depuis deux mille ans fabriquer le
verre , mais moins beau et moins transparent que
le nôtre.
Imprimerie. L’imprimerie fut inventée par eux dans le même
temps. On sait que cette imprimèrie est une gravure
sur des planches de bois , telle que Guttcrriberg la
pratiqua le premier à Mayence , au quinzième siècle.
L’art de graver les caractères sur le bois est plus
perfectionné à la Chine ; notre méthode d’employer
les caractères mobiles et de fonte , beaucoup supé-
rieure à la leur , n’a point encore été adoptée par
eux ; tant ils sont attachés à toutes leurs anciennes
méthodes.
L’usage des cloches est chez eux de la plus haute
antiquité. Nous n’en avons eu en France qu’au
srxième siècle de notre ère. Ils ont cultivé la chimie ;
et sans devenir jamais bons physicieiTs , ils ont
inventé la poudre ; mais ils ne s’en servaient que
dans des fêtes , dans l’art des seux d’artifice, où ils
ont surpalsé les autres nations. Ce furent les Portugais
qui dans ces derniers siècles leur ont enseigné l’usage
de l’artillerie , et ce sont les Jésuites qui leur ont
appris à fondre le canon. Si les Chinois ne s’appli-
quèrent pas à inventer ces instrumens destructeurs,
il ne faut pas en louer leur vertu , puisqu’ils n’en ont
pas moins sait la guerre, . ,