VERS LE NEUVIEME SIECLE. 467
cent vingt voiles. Il n’y a point d’apparence que
ces cent vingt voiles portassent dix mille hommes.
Cependant, avec un nombre probablement inférieur,
il pille Rouen une sécondé fois , et vient jusqu’à
Paris. Dans de pareilles invasions , quand la fai-
blelse du gouvernement n’a pourvu à rien , la terreur
du peuple augmente le péril, et le plus grand nombre
fuit devant le plus petit. Les Parisiens , qui se défen-
dirent dans d’autres temps avec tant de courage ,
abandonnèrent alors leur ville ; et les Normands
n’y trouvèrent que des maisons de bois , qu’ils brû-
lèrent. Le malheureux roi, Charles le chauve, retranché
à Sf Denis avec peu de troupes, au lieu de s’opposer
à ces barbares , acheta de quatorze mille marcs
d’argent la retraite qu’ils daignèrent faire. Il est
croyable que ces marcs étaient ce qu’on a appelé
long-temps des marques, marcas, qui valaient environ
un de nos demi-écns. On est indigné quand on lit Sottîses de
dans nos auteurs que plusieurs de ces barbares”05 leger“
furent punis dé mort subite pour avoir pillé Féglise
de S{ Germain-des-Prés. Ni les peuples, ni leurs
saints ne se défendirent ; mais les vaincus se donnent
toujours la honteuse consolation de supposer des
miracles opérés contre leurs vainqueurs.
Charles le chauve, en achetant ainsi la paix , ne
fesait que donner à ces pirates de nouveaux moyens
de faire la guerre , et s’ôter celui de la soutenir. Les
Normands se servirent de cet argent pour aller
assiéger Bordeaux , qu’ils pillèrent. Pour comble
d’humiliation et d’horreur, un descendant de Char-
lemagne , Pépin , roi d’Aquitaine , n’ayant pu leur
résister, s’unit avec eux ; et alors la France , vers l’an
Gg 2
cent vingt voiles. Il n’y a point d’apparence que
ces cent vingt voiles portassent dix mille hommes.
Cependant, avec un nombre probablement inférieur,
il pille Rouen une sécondé fois , et vient jusqu’à
Paris. Dans de pareilles invasions , quand la fai-
blelse du gouvernement n’a pourvu à rien , la terreur
du peuple augmente le péril, et le plus grand nombre
fuit devant le plus petit. Les Parisiens , qui se défen-
dirent dans d’autres temps avec tant de courage ,
abandonnèrent alors leur ville ; et les Normands
n’y trouvèrent que des maisons de bois , qu’ils brû-
lèrent. Le malheureux roi, Charles le chauve, retranché
à Sf Denis avec peu de troupes, au lieu de s’opposer
à ces barbares , acheta de quatorze mille marcs
d’argent la retraite qu’ils daignèrent faire. Il est
croyable que ces marcs étaient ce qu’on a appelé
long-temps des marques, marcas, qui valaient environ
un de nos demi-écns. On est indigné quand on lit Sottîses de
dans nos auteurs que plusieurs de ces barbares”05 leger“
furent punis dé mort subite pour avoir pillé Féglise
de S{ Germain-des-Prés. Ni les peuples, ni leurs
saints ne se défendirent ; mais les vaincus se donnent
toujours la honteuse consolation de supposer des
miracles opérés contre leurs vainqueurs.
Charles le chauve, en achetant ainsi la paix , ne
fesait que donner à ces pirates de nouveaux moyens
de faire la guerre , et s’ôter celui de la soutenir. Les
Normands se servirent de cet argent pour aller
assiéger Bordeaux , qu’ils pillèrent. Pour comble
d’humiliation et d’horreur, un descendant de Char-
lemagne , Pépin , roi d’Aquitaine , n’ayant pu leur
résister, s’unit avec eux ; et alors la France , vers l’an
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