VERS LE NEUVIEME SIECLE. 475
Oui croirait même que cet Alfred, dans des temps
d’une ignorance générale , osa envoyer un vaisseau
pour tenter de trouver un passage aux Indes par le
nord de l’Europe et de l’Asie? On a la relation de
ce voyage écrite en anglo-saxon et traduite en latin
à Coppenhague, à la prière du comte de Plelo,
ambassadeur de Louis XV. Alfred est le premier
auteur de ces tentatives hardies que les Anglais , les
Hollandais et les Russes ont faites dans nos derniers
temps. On voit par-là combien ce prince était au-
dessus de ion siècle
Il n’est point de véritablement grand homme qui
n’ait un bon esprit. Alfred jeta les fondemens de
l’académie d’Oxford. Il fit venir des livres de Rome.
L’Angleterre toute barbare n’en avait presque point.
Il se plaignait qu’il n’y eût pas alors un prêtre
anglais qui sût le latin. Pour lui , il le savait. Il
était même allez bon géomètre pour ce temps-là.
Il possédait l’histoire. On dit même qu’il fesait des
vers en anglo-saxon. Les momens qu’il ne donnait
pas aux soins de l’Etat, il les donnait à l’étude. Une
sage économie le mit en état d'être libéral. On voit
qu’il rebâtit plusieurs églises , mais aucun monastère.
Il pensait sans doute que dans un Etat désolé qu’il
fallait repeupler , il eût mal servi sa patrie en favo-
risant trop ces familles immenses sans père et sans
ensans , qui se perpétuent aux dépens de la nation :
aussi ne fut-il pas mis au nombre des saints ; mais
l’histoire , qui d’ailleurs ne lui reproche ni défaut ni
faiblesse , le met au premier rang des héros utiles au
genre humain , qui, sans ces hommes extraordinaires t
eût toujours été semblable aux bêtes farouches.
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1' ‘.'I
HH
Oui croirait même que cet Alfred, dans des temps
d’une ignorance générale , osa envoyer un vaisseau
pour tenter de trouver un passage aux Indes par le
nord de l’Europe et de l’Asie? On a la relation de
ce voyage écrite en anglo-saxon et traduite en latin
à Coppenhague, à la prière du comte de Plelo,
ambassadeur de Louis XV. Alfred est le premier
auteur de ces tentatives hardies que les Anglais , les
Hollandais et les Russes ont faites dans nos derniers
temps. On voit par-là combien ce prince était au-
dessus de ion siècle
Il n’est point de véritablement grand homme qui
n’ait un bon esprit. Alfred jeta les fondemens de
l’académie d’Oxford. Il fit venir des livres de Rome.
L’Angleterre toute barbare n’en avait presque point.
Il se plaignait qu’il n’y eût pas alors un prêtre
anglais qui sût le latin. Pour lui , il le savait. Il
était même allez bon géomètre pour ce temps-là.
Il possédait l’histoire. On dit même qu’il fesait des
vers en anglo-saxon. Les momens qu’il ne donnait
pas aux soins de l’Etat, il les donnait à l’étude. Une
sage économie le mit en état d'être libéral. On voit
qu’il rebâtit plusieurs églises , mais aucun monastère.
Il pensait sans doute que dans un Etat désolé qu’il
fallait repeupler , il eût mal servi sa patrie en favo-
risant trop ces familles immenses sans père et sans
ensans , qui se perpétuent aux dépens de la nation :
aussi ne fut-il pas mis au nombre des saints ; mais
l’histoire , qui d’ailleurs ne lui reproche ni défaut ni
faiblesse , le met au premier rang des héros utiles au
genre humain , qui, sans ces hommes extraordinaires t
eût toujours été semblable aux bêtes farouches.
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