274 DU GRAND SCHISME
le reconnussent pour pape; et les Français, qui avaient
1403. reconnu Pierre Luna , l’assiégèrent dans Avignon
même , et l’y tinrent prisonnier.
Cependant, tous ces misérables se disaient hau-
tement les vicaires de DIEU , et les maîtres des rois ; ils
trouvaient des prêtres qui les servaient à genoux.,
comme des vendeurs d’orviétan trouvent des
gilles.
La France Les états - généraux de France avaient pris dans
ces temps funestes une résolution si sensée qu’il est
surprenant que toutes les autres nations ne l’imi-
tassent pas. Ils ne reconnurent aucun pape. Chaque
diocèse se gouverna par son évêque : on ne paya
point d’annates , on ne reconnut ni réserves ni
exemptions ; Rome alors dut craindre que cette
administration , qui dura quelques années, ne sub-
sistât toujours. Mais ces lueurs de raison ne jetèrent
pas un éclat durable. Le clergé , les moines avaient
tellement gravé dans les têtes des princes et des
peuples l’idée qu’il fallait un pape , que la terre
fut long - temps troublée pour savoir quel ambitieux
obtiendrait par l’intrigue le droit d’ouvrir les portes
du ciel.
Luna , avant son élection , avait promis de se
démettre pour le bien de la paix, et n’en voulait rien
saire. Un noble vénitien , nommé Corario , qu’on
élut à Rome , fit le même serment, qu’il ne garda
pas mieux. Les cardinaux de l’un et de l’autre parti ,
fatigués des querelles générales et particulières que
la dispute de la tiare traînait après elle , convinrent
enfin d’assembler à Pise un concile général. Vingt-
quatre cardinaux , vingt-six archevêques , cent
le reconnussent pour pape; et les Français, qui avaient
1403. reconnu Pierre Luna , l’assiégèrent dans Avignon
même , et l’y tinrent prisonnier.
Cependant, tous ces misérables se disaient hau-
tement les vicaires de DIEU , et les maîtres des rois ; ils
trouvaient des prêtres qui les servaient à genoux.,
comme des vendeurs d’orviétan trouvent des
gilles.
La France Les états - généraux de France avaient pris dans
ces temps funestes une résolution si sensée qu’il est
surprenant que toutes les autres nations ne l’imi-
tassent pas. Ils ne reconnurent aucun pape. Chaque
diocèse se gouverna par son évêque : on ne paya
point d’annates , on ne reconnut ni réserves ni
exemptions ; Rome alors dut craindre que cette
administration , qui dura quelques années, ne sub-
sistât toujours. Mais ces lueurs de raison ne jetèrent
pas un éclat durable. Le clergé , les moines avaient
tellement gravé dans les têtes des princes et des
peuples l’idée qu’il fallait un pape , que la terre
fut long - temps troublée pour savoir quel ambitieux
obtiendrait par l’intrigue le droit d’ouvrir les portes
du ciel.
Luna , avant son élection , avait promis de se
démettre pour le bien de la paix, et n’en voulait rien
saire. Un noble vénitien , nommé Corario , qu’on
élut à Rome , fit le même serment, qu’il ne garda
pas mieux. Les cardinaux de l’un et de l’autre parti ,
fatigués des querelles générales et particulières que
la dispute de la tiare traînait après elle , convinrent
enfin d’assembler à Pise un concile général. Vingt-
quatre cardinaux , vingt-six archevêques , cent