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Voltaire; Thurneysen, Johann Jakob [Bearb.]; Haas, Wilhelm [Bearb.]
Oeuvres Complètes De Voltaire (Tome Dix-Huitieme = Essai Sur Les Moeurs Et L'Esprit Des Nations, Tome III): Essai Sur Les Moeurs Et L'Esprit Des Nations — A Basle: De l'Imprimerie de Jean-Jaques Tourneisen, Avec des caractères de G. Haas, 1785 [VD18 90794095]

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https://doi.org/10.11588/diglit.49765#0518
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MASSACRE

5o8
Procesfion Ces temps étaient si fnnestes , le fanatisme ou la
annuelle terreur domina tellement les esprits , que le narle-
pour ren- . 1 * 1
dre grâces ment de Pans ordonna que tous les ans on ferait
è. dieu des une procession le jour de la Sü Barthelemi , pour
dtres' rendre grâces Adieu. Le chancelier de rHojpital
pensa bien autrement, en écrivant, cxcidat ilia dies. On
reprochait à /’Hospital d’être fils d’un juif, de n’être
pas chrétien dans le fond de son cœur ; mais c’était
un homme juste. (22) La procession ne se fit point,
et l’on eut enfin horreur de consacrer la mémoire de
ce qui devait être oublié pour jamais. IVIais dans la
chaleur de l’événement, la cour voulut que le par-
lement fît le procès à l’amiral après sa mort, et que
l’on condamnât juridiquement deux gentilshommes
de ses amis , Briquemaut et Cavagncs. Ils furent traînés
à la Grève sur la claie , avec l’effigie de Coligni ,
et exécutés. Ce fut le comble des horreurs, d’ajouter
à cette multitude d’asiassinats les formes qu’on
appelle de la justice.
S’il pouvait y avoir quelque chose de plus déplo-
rable que la S1 Barthelemi, c’est qu’elle fit naître
la guerre civile , au lieu de couper la racine des
(22) Il n’y a jamais eu aucune preuve que l’Hofpital ait eu un juis
pour père ; son père, médecin du cardinal de Bourbon , professait la reli-
gion chrétienne. Cependant, d’un autre côté, beaucoup de juifs exerçaient
la médecine ; et jamais , quelle qu’en soit la cause , on n’a su ni le nom
ni l’état du grand-père du chancelier. Il est très - vraisemblable d’ailleurs
qu’il n’était ni protestant ni catholique , mais de la religion de Cicéron,
de Caton , de Marc - Aur'eie, admettant un Dieu et regardant toutes les
religions particulières comme des fables adoptées par le peuple ; mais
persuadé qu’il est impolsible de les détruire sans que d’autres les rempla-
cent , et qu’ainsi le devoir de l’homme d’Etat éclairé est de chercher à les
rendre le plus utiles , ou plutôt le moins nuisibles qu’il est polsible au
bonheur commun.
 
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