SUR LES MOEURS , ClC. 405
très-înjustes les païens persécuteurs , on doit regarder
aussi comme très-înjustes les chrétiens persécuteurs. Ces
maximes sont vraies , et il a fallu les développer pour
le bien des hommes.
Il est consiant que ceux qui se dirent réformés en
France furent persécutés quarante ans avant qu’ils sc
révol,tassent ; car ce ne fut qu'après le massiacre de Vassi
qu’ils prirent les armes.
On doit aussi avouer que la guerre qu'une populace
sauvage fit vers les Cévènes , sous Louis XIV , fut le
fruit de la persécution. Les camisards agirent en bêtes
séroces : mais on leur avait enlevé leurs femelles et
leurs petits ; ils déchirèrent les chasseurs qui couraient
après eux.
Les deux partis ne conviennent pas de l'origine de
ces horreurs. Les uns disent que le meurtre de l’abbé
du Chaila , chef des millions du Languedoc , fut commis
pour reprendre une sille des mains de cet abbé ; les
autres pour délivrer plusieurs enfans qu'il avait enlevés
à leurs parens , afin de les înstruire dans la foi catho-
lique : ces deux causes peuvent avoir concouru , et
l’on ne peut nier que la violence n’ait produit le sou-
lèvement qui causa tant de crimes , et qui attira tant de
supplices.
Après la paix de Rysvick, Orange , où régnait encore
la religion protestante , appartenant à Louis XIV , plu-
sieurs habitans du Languedoc y allèrent chanter leurs
pseaumes , et prier DIEU dans leur jargon. A leur retour
on en prit cent trente , hommes et femmes , qu’on attacha
deux à deux sur le chemin. Les plus robustes au nombre
de soixante et dix furent envoyés aux galères.
Bientôt après , un prédicant nommé Marlié sut pendu
Ce;
très-înjustes les païens persécuteurs , on doit regarder
aussi comme très-înjustes les chrétiens persécuteurs. Ces
maximes sont vraies , et il a fallu les développer pour
le bien des hommes.
Il est consiant que ceux qui se dirent réformés en
France furent persécutés quarante ans avant qu’ils sc
révol,tassent ; car ce ne fut qu'après le massiacre de Vassi
qu’ils prirent les armes.
On doit aussi avouer que la guerre qu'une populace
sauvage fit vers les Cévènes , sous Louis XIV , fut le
fruit de la persécution. Les camisards agirent en bêtes
séroces : mais on leur avait enlevé leurs femelles et
leurs petits ; ils déchirèrent les chasseurs qui couraient
après eux.
Les deux partis ne conviennent pas de l'origine de
ces horreurs. Les uns disent que le meurtre de l’abbé
du Chaila , chef des millions du Languedoc , fut commis
pour reprendre une sille des mains de cet abbé ; les
autres pour délivrer plusieurs enfans qu'il avait enlevés
à leurs parens , afin de les înstruire dans la foi catho-
lique : ces deux causes peuvent avoir concouru , et
l’on ne peut nier que la violence n’ait produit le sou-
lèvement qui causa tant de crimes , et qui attira tant de
supplices.
Après la paix de Rysvick, Orange , où régnait encore
la religion protestante , appartenant à Louis XIV , plu-
sieurs habitans du Languedoc y allèrent chanter leurs
pseaumes , et prier DIEU dans leur jargon. A leur retour
on en prit cent trente , hommes et femmes , qu’on attacha
deux à deux sur le chemin. Les plus robustes au nombre
de soixante et dix furent envoyés aux galères.
Bientôt après , un prédicant nommé Marlié sut pendu
Ce;