ÉGALITÉ. 465
deniers par jour; tandis que tel homme, dont le père
allait derrière un carrosse, a trente-six chevaux dans
son écurie , quatre cuisiniers et point d’aumônier.
LE CONSEILLER.
Hé bien, je vous donne quatre cents autres francs
de ma poche ; c’est ce que Jean Despautère ne m’avait
point enseigné dans mon éducation.
ÉGALITÉ.
SECTION PREMIERE.
Il est clair que les hommes, jouilsant des facultés
attachées à leur nature , sont égaux ; ils le sont quand
ils s’acquittent des fonctions animales, et quand ils
exercent leur entendement. Le roi de la Chine , le
grand-mogol, le padisha de Turquie, ne peut dire
au dernier des hommes : Je te défends de digérer,
d’aller à la garderobe et de penser. Tous les animaux
de chaque espèce sont égaux entr’eux.
Un cheval ne dit point au cheval son confrère
Qu’on peigne mes beaux crins, qu’on m’étrille et me ferre ;
Toi, cours , et va porter mes ordres souverains
Aux mulets de ces bords, aux ânes mes voisins;
Toi , prépare les grains dont je fais des largesses
A mes fiers favoris, à mes douces maîtresses.
Qu’on châtre les chevaux désignés pour servir
Les coquettes jumens dont seul je dois jouir.
Que tout soit dans la crainte et dans la dépendance.
Et si quelqu’un de vous hennit en ma présence ,
Dïctionn. philofoph. Tome III. G g
deniers par jour; tandis que tel homme, dont le père
allait derrière un carrosse, a trente-six chevaux dans
son écurie , quatre cuisiniers et point d’aumônier.
LE CONSEILLER.
Hé bien, je vous donne quatre cents autres francs
de ma poche ; c’est ce que Jean Despautère ne m’avait
point enseigné dans mon éducation.
ÉGALITÉ.
SECTION PREMIERE.
Il est clair que les hommes, jouilsant des facultés
attachées à leur nature , sont égaux ; ils le sont quand
ils s’acquittent des fonctions animales, et quand ils
exercent leur entendement. Le roi de la Chine , le
grand-mogol, le padisha de Turquie, ne peut dire
au dernier des hommes : Je te défends de digérer,
d’aller à la garderobe et de penser. Tous les animaux
de chaque espèce sont égaux entr’eux.
Un cheval ne dit point au cheval son confrère
Qu’on peigne mes beaux crins, qu’on m’étrille et me ferre ;
Toi, cours , et va porter mes ordres souverains
Aux mulets de ces bords, aux ânes mes voisins;
Toi , prépare les grains dont je fais des largesses
A mes fiers favoris, à mes douces maîtresses.
Qu’on châtre les chevaux désignés pour servir
Les coquettes jumens dont seul je dois jouir.
Que tout soit dans la crainte et dans la dépendance.
Et si quelqu’un de vous hennit en ma présence ,
Dïctionn. philofoph. Tome III. G g