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Wagner, Johann Ludwig
Mémoires De M. Wagner, Sur La Russie, La Sibérie Et Le Royaume De Casan: Traduits de l'Allemand ; Avec figures — Bern, 1790 [VD18 14129450]

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https://doi.org/10.11588/diglit.24354#0033
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( VJ )
Il me comprit, & vers l’heure de midi il eru.
gagea les sentinelles & le bas-officier à dîner
au vestibule, & il relia, en attendant, auprès
de moi. Je n’avois ni encre , ni papier î
le pris donc un charbon dans un réchaud, &,
sur une enveloppe de tabac à fumer, je priai
le Directeur des posces de m’envoyer de l’ar-
gent par le porteur du billet. Je promis une
rouble au soldat , s’il s’acquittoit exactement
de sa cqmmission, & qu’il m’apportât de l’argent.
D’abord il ne voulut pas s’en charger ; la rou-
ble néanmoins le tenta. A peine fut-il relevé
de son polie , qu’il s’échappa, revint, s’appro-
cha de mon lit, & glissà un paquet sous le che-
vet. Je fis sembant de ne pas le voir, je me
couchai, sous prétexte que j’étois fatigué, &
je trouvai l’argent.
Au bout d’une heure, le pauvre diable fut
trahi. Il étoit sévérement défendu aux soldats
de sortir du château. On l’examina, il sou-
tint qu’il étoit allé acheter un boudin pour son
souper : on le coucha sur le ventre , pour lui
donner cinquante coups de bâton. Il vint le
soir dans ma chambre comme sentinelle, &
je lui donnai cinq roubles 3 la poiselîion de ces
especes le consola tellement, que dès le mo-
ment même, li je l’eulse déliré, il se seroit
exposé au même risque que celui dont il s’é-
toit déjà si mal trouvé.
 
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