Waldmann, Emil; Faure, Élie; Dürer, Albrecht [Ill.]: Albrecht Dürer, the early landscapes: ten water-colours (Dresden , Munich: Marées-Society, 1920)

a pierre, le tissu de la feuille,

dont chaque racine, chaque brin d’arbuste, chaque touffe de mousse sort de leurs
interstices et s attache à leur paroi est étudiée avec une passion exacte, une sorte
d amour de botaniste et de géologue pour le grain de 1;
la direction de la tige et la forme de la fleur. hdais, de cette sorte de griffonnage
confus, les valeurs, les plans, les volumes, les correspondances harmoniques surgis-


sent comme malgré lui, et, dans la variété infiniment nuancée des verts et des bleus,
des rouges et des ocres, Veau, les arbres, le ciel, l'amas des maisons qui fait les ha-
meaux, les villages, l'ondulation lointaine des collines, tout se met à sa place avec
une aisance admirable, comme si ce n’était pas du choix intellectuel mais de la
conscience morale même que naissait la vérité. Je ne sais rien de plus émouvant que
de revoir ces sites, tels aujourd’hui qu’il y a quatre cents ans, les masures blotties
pour s’étayer l’une l’autre et hérissant ensemble leurs hauts faîes contre la pluie,
cette vie devinée sous eux, toujours la même, douceur d’intimité, propreté dome-
stique, chaude monotonie de la vie familiale, bons rapports de voisinage et contes
le soir sous la lampe, harmonie de sentiment et d’échange de sentiments d’où l’har-
monie formelle se dégage, sans qu’on sache trop pourquoi.

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