PLANCHE 2.
EETABLE
PAR T. EARP; COMPOSITION DE J. BENTLEY, AECHITECTE.
/^lE retable, long d'environ 8 pieds 4 pouces, est en pierre de Oaen jusqu'a la hauteur du
^-' dessus de l'autel, qui est fait de pierre calcaire noire de Tile de Man, polie a l'huile. Sur
les panneaux on voit la representation allegorique des vertus terrassant les vices; savoir: la
Gourmandise vaincue par la Temperance; l'ldolaterie par la Foi; l'Envie par la Charite; la
Discorde par la Paix; et l'Avarice par la Munificence. Les bords sont remplis de marbre vert
et rouge et de pieces de spath de Derbyshire, en forme de globes. La partie superieure en
contient trois compartiments, separes par trois colonnes de marbre, aux chapiteaux richement
sculptes, qui supportent les quatre archanges Michel, Baphael, Gabriel et Uriel. Les cotes extremes
de ces panneaux sont bordes de colonnes plus grandes, terminant en arcs-boutants, lesquels vont
en dhninuant, et se confondent enfin avec la corniche soigneusement sculptee, bordee de morceaux
coniques de spath de Derbyshire.
M. Barp a expose, en outre, une chaire pour l'eglise de Bournemouth, dessinee par M. G. Street;
une grande fontaine dans la nef, dessinee par M. J. Bentley; un retable pour l'eglise de St. Philippe
et de St. Jacques, Oxford; des fonts baptismaux pour l'eglise de Huntley, dessines par M. S. S.
Teulon; et une fontaine de laiterie, dessinee par M. Nesfield, pour le cointe de Sefton. Toutes
ces ceuvres se font remarquer par une profusion de sculptures, d'incrustations de marbre, d'ornements
en spath, et de dessins tailles et remplis de mastic noir; mais tout elaborees et pittoresques qu'elles
sont, ces pieces ne peuvent echapper au reproche d'une certaine lourdeur manieree et d'une
surabondance d'accessoires, qui nuit a leur merite incontestable; elles trahissent toutes, la tendance
de la mode du jour vers la premiere periode de l'architecture ogivale, dont elles forment, pour
ainsi dire, le developpement adapte au gout du 196m0 siecle et empreint d'un cachet qui est
particulier a notre pays.
L'usage des retables remonte a une epoque comparativement recente. Us etaient inconnus,
a ce qu'il parait, jusqu'a la fin du 14Sme siecle; et ceux qui existaient alors etaient bas et n'avaient,
pour toute decoration, que de petites figures sur un seul plan, representant des sujets de la
Sainte-Bcriture et de la vie du Sauveur. On conserve actuellement a la cathedrale de St. Pol de
Leon (Bretagne) un petit retable de cette espece, en pierre sculptee, ayant pour sujet la Yierge
tenant le Christ sur ses genoux. Plusieurs eglises de campagne, en Angleterre, contiennent des
retables du meme genre, malgre les " Articles" de la reine Elisabeth et les " Injonctions"
d'Edouard VI. Mais, au 156mo siecle, on commenca a construire, part-out en Europe, des retables
d'un style des plus elabores. On les faisait generalement en bois sculpte, colore, dore, orne et
decore de sujets tires de la Sainte-Bcriture, de la vie du Christ et de 1'histoire des saints, releves
par des ornements accessoires d'architecture. On voit encore aux cathedrales de Westminster, de
Winchester, de York, de Gloucester et de Bristol, ainsi qu'a l'eglise de Redclyff, Bristol, et a l'abbaye
de St. Albans, des retables plus ou moins endommages; inais les plus beaux se trouvent sur le
continent,—en Prance, en Allemagne et en Espagne.
Yoici la description que M. Goze donne du retable du maitre-autel de la cathedrale d'Amiens,
construit au 156me siecle: — "A l'exterieur, il etait garni de panneaux de bois sculpte, ornes de
peintures representant des sujets de la Passion. Ces panneaux s'ouvraient comme des portes, et
laissaient voir des bas-reliefs en argent,* executes de 1485—1493. Des deux cotes de l'autel il
y avait six statues en cuivre, dont les plinthes etaient ornees de statues de saints, et qui servaient
de piedestal a six anges, portant les instruments de la Passion. Le tout etait masque de voiles,
glissant sur une tringle qui joignait les colonnes. Devant l'autel etait suspendu un lustre a trois
branches, et trois grands candelabres de cuivre se trouvaiont dans le sanctuaire. Aux extremites
du retable etaient placees, par terre, deux colonnes de cuivre, formant des arbres couverts de fruit
et de feuillages, au milieu desquels s'elevaient les cierges, qui servaient a illuminer les chasses
des saints. Le tout etait couronne d'un dais en soie et or, attache a la voute."
Dans la plupart des musees de l'Europe, on peut voir des retables en bois sculpte et colore,
qui rendent temoignage de la perfection, a lacpielle l'art des sculptures en bois etait arrive au
150me et au 16emo siecle. Les retables qui datent d'une epoque plus recente, sont beaucoup plus
simples.
* M. Gilbert uvalue le coiit de cea bas-reliefs en argent a plus de 12,290 livres tournoises, ou environ 6,150 livres
sterling.
EETABLE
PAR T. EARP; COMPOSITION DE J. BENTLEY, AECHITECTE.
/^lE retable, long d'environ 8 pieds 4 pouces, est en pierre de Oaen jusqu'a la hauteur du
^-' dessus de l'autel, qui est fait de pierre calcaire noire de Tile de Man, polie a l'huile. Sur
les panneaux on voit la representation allegorique des vertus terrassant les vices; savoir: la
Gourmandise vaincue par la Temperance; l'ldolaterie par la Foi; l'Envie par la Charite; la
Discorde par la Paix; et l'Avarice par la Munificence. Les bords sont remplis de marbre vert
et rouge et de pieces de spath de Derbyshire, en forme de globes. La partie superieure en
contient trois compartiments, separes par trois colonnes de marbre, aux chapiteaux richement
sculptes, qui supportent les quatre archanges Michel, Baphael, Gabriel et Uriel. Les cotes extremes
de ces panneaux sont bordes de colonnes plus grandes, terminant en arcs-boutants, lesquels vont
en dhninuant, et se confondent enfin avec la corniche soigneusement sculptee, bordee de morceaux
coniques de spath de Derbyshire.
M. Barp a expose, en outre, une chaire pour l'eglise de Bournemouth, dessinee par M. G. Street;
une grande fontaine dans la nef, dessinee par M. J. Bentley; un retable pour l'eglise de St. Philippe
et de St. Jacques, Oxford; des fonts baptismaux pour l'eglise de Huntley, dessines par M. S. S.
Teulon; et une fontaine de laiterie, dessinee par M. Nesfield, pour le cointe de Sefton. Toutes
ces ceuvres se font remarquer par une profusion de sculptures, d'incrustations de marbre, d'ornements
en spath, et de dessins tailles et remplis de mastic noir; mais tout elaborees et pittoresques qu'elles
sont, ces pieces ne peuvent echapper au reproche d'une certaine lourdeur manieree et d'une
surabondance d'accessoires, qui nuit a leur merite incontestable; elles trahissent toutes, la tendance
de la mode du jour vers la premiere periode de l'architecture ogivale, dont elles forment, pour
ainsi dire, le developpement adapte au gout du 196m0 siecle et empreint d'un cachet qui est
particulier a notre pays.
L'usage des retables remonte a une epoque comparativement recente. Us etaient inconnus,
a ce qu'il parait, jusqu'a la fin du 14Sme siecle; et ceux qui existaient alors etaient bas et n'avaient,
pour toute decoration, que de petites figures sur un seul plan, representant des sujets de la
Sainte-Bcriture et de la vie du Sauveur. On conserve actuellement a la cathedrale de St. Pol de
Leon (Bretagne) un petit retable de cette espece, en pierre sculptee, ayant pour sujet la Yierge
tenant le Christ sur ses genoux. Plusieurs eglises de campagne, en Angleterre, contiennent des
retables du meme genre, malgre les " Articles" de la reine Elisabeth et les " Injonctions"
d'Edouard VI. Mais, au 156mo siecle, on commenca a construire, part-out en Europe, des retables
d'un style des plus elabores. On les faisait generalement en bois sculpte, colore, dore, orne et
decore de sujets tires de la Sainte-Bcriture, de la vie du Christ et de 1'histoire des saints, releves
par des ornements accessoires d'architecture. On voit encore aux cathedrales de Westminster, de
Winchester, de York, de Gloucester et de Bristol, ainsi qu'a l'eglise de Redclyff, Bristol, et a l'abbaye
de St. Albans, des retables plus ou moins endommages; inais les plus beaux se trouvent sur le
continent,—en Prance, en Allemagne et en Espagne.
Yoici la description que M. Goze donne du retable du maitre-autel de la cathedrale d'Amiens,
construit au 156me siecle: — "A l'exterieur, il etait garni de panneaux de bois sculpte, ornes de
peintures representant des sujets de la Passion. Ces panneaux s'ouvraient comme des portes, et
laissaient voir des bas-reliefs en argent,* executes de 1485—1493. Des deux cotes de l'autel il
y avait six statues en cuivre, dont les plinthes etaient ornees de statues de saints, et qui servaient
de piedestal a six anges, portant les instruments de la Passion. Le tout etait masque de voiles,
glissant sur une tringle qui joignait les colonnes. Devant l'autel etait suspendu un lustre a trois
branches, et trois grands candelabres de cuivre se trouvaiont dans le sanctuaire. Aux extremites
du retable etaient placees, par terre, deux colonnes de cuivre, formant des arbres couverts de fruit
et de feuillages, au milieu desquels s'elevaient les cierges, qui servaient a illuminer les chasses
des saints. Le tout etait couronne d'un dais en soie et or, attache a la voute."
Dans la plupart des musees de l'Europe, on peut voir des retables en bois sculpte et colore,
qui rendent temoignage de la perfection, a lacpielle l'art des sculptures en bois etait arrive au
150me et au 16emo siecle. Les retables qui datent d'une epoque plus recente, sont beaucoup plus
simples.
* M. Gilbert uvalue le coiit de cea bas-reliefs en argent a plus de 12,290 livres tournoises, ou environ 6,150 livres
sterling.